« L’orientation au collège et au lycée doit faire partie d’une culture à développer dans les établissements et dans les familles », milite Armelle Nouis. Le bulletin officiel du 18 avril dernier a donné une recommandation à titre indicatif, mais de façon marquée, sur l’accompagnement à l’orientation. Mais cet accompagnement n’est pas financé et il n’y a pas de plage dédiée. Il se pratique sur les heures de cours. Aujourd’hui, annuellement, les 4e ont 12 h dédiées à l’orientation, les 3e , 36 h et les 2de, 54 h. Dans la cité scolaire de la proviseure, l’équipe éducative et les parents n’ont pas attendu cette recommandation pour mettre en place des pratiques, expérimenter des actions, et ce, depuis plusieurs années.

Travail sur la connaissance de soi

Dans une classe de 3e , un temps dédié à l’orientation, deux heures par semaine, a été expérimenté. Les élèves ont travaillé sur la connaissance et l’estime de soi ainsi que sur la connaissance des métiers et des filières. Néanmoins, le bilan est mitigé, selon Armelle Nouis : « Les élèves avaient du mal car ce temps dédié se passait le vendredi après-midi et les élèves trouvaient ça injuste qu’ils finissent plus tard que leurs autres camarades. » En outre, selon la responsable d’établissement, il peut s’avérer compliqué de mobiliser les collégiens, pour qui l’orientation n’est pas la principale préoccupation. « Ils aiment bien l’apprentissage de la connaissance de soi mais moins la connaissance des métiers, surtout quand ils n’ont pas encore de projets. » Le dispositif a été élargi l’année suivante à toutes les classes de 3e mais il ne sera peut-être pas reconduit. « Ce n’est pas facile de l’ajouter à l’emploi du temps et tous les professeurs ne jouent pas le jeu, car, pour certains, ce n’est pas dans leur culture, ils n’y ont pas été formés », explique Armelle Nouis.

Ne pas enfermer dans un schéma

Pour elle, il faut amener les jeunes à s’interroger sur ce qui les intéresse sans les enfermer dans un schéma, dans une voie qu’on voudrait pour eux, et sans les traumatiser. « Les jeunes doivent être acteurs de leur orientation. » En 1re et en terminale, les familles sollicitent souvent un entretien. « Et nous y travaillons davantage qu’auparavant, souligne Armelle Nouis. Le choix pour la spécialité se fait dès la 1re mais nous disons aux parents et aux élèves, attention tout n’est pas fait à ce moment-là. Les parents doivent faire confiance à leurs enfants pour qu’ils choisissent ce qu’ils aiment et qu’ils ne soient pas trop stressés par rapport aux enjeux. Avec la réforme du lycée, on avait peur que les filières se reconstruisent et que la filière S écrase les autres mais non. Un tas de combinaisons se fait. »

Le rôle des parents

Les parents ont en effet aussi un rôle à jouer. Dans le lycée parisien, ils organisent un forum des métiers dans lequel les intervenants extérieurs sont sélectionnés pour leur diversité et leur motivation à transmettre et expliquer leur métier et leur parcours. « Les jeunes se rendent compte que les parcours ne se construisent pas en ligne droite, qu’il peut y avoir des détours et que cela n’est pas grave. Je conseille aux jeunes, dès qu’ils rencontrent des adultes, de leur poser des questions sur leur activité professionnelle et comment ils en sont arrivés là. »
Les étudiants des établissements d’enseignement supérieur viennent aussi à la cité scolaire pour parler de leur choix et de leur motivation.

Et Armelle Nouis de conclure : « On ne manque pas d’outils, des idées intéressantes existent, à nous tous de nous en emparer ».