L’Evangile de Matthieu lie de façon très étroite la faiblesse du Messie et sa perpétuelle migration. Pour vous, psychothérapeute auprès des migrants, comment la faiblesse et la migration sont-elles reliées?

Tout être humain est vulnérable dans sa nature par le simple fait qu’il est mortel. Il faut toutefois distinguer cette faiblesse qui nous est commune des périls que traversent certains migrants, impliquant une détresse réelle qui ne doit pas être acceptée.

Vous affirmez néanmoins que nous sommes tous migrants…

Oui, car même si nous ne nous déplaçons pas, la société change autour de nous, au point que nous pouvons nous sentir étrangers dans le monde où nous vivons. J’en ai pris conscience en repensant à ma grand-mère, qui ne s’est déplacée que de vingt-cinq kilomètres d’un village de la Broye à Lausanne, et qui n’a jamais réussi à s’intégrer dans son « pays d’accueil », Lausanne. Notre société a fortement « migré » entre les années 1985 et 1995, avec la chute du mur, le téléphone portable, internet, l’effet humain sur le climat, le néolibéralisme, etc. […]