À question personnelle, réponse toute personnelle.
Oui, j’aime Noël
– En dépit du grand théâtre qui le travestit.
– En dépit de la débauche publicitaire et de la surconsommation marchande.
– En dépit de tout le cérémonial religieux et des grandes messes qui le défigurent. Oui, en dépit de tout cela, et de bien d’autres raisons, j’aime cette fête, la plus attendue, la plus populaire.

Une fête de tous et toutes!

D’abord, c’est une fête qui n’appartient à personne et qui est offerte à tous. Elle plonge ses racines dans la nuit des temps, bien avant d’avoir été reprise par le christianisme au 4esiècle. Chacun, chacune la célèbre selon sa coutume ou selon son désir : fête de famille, fête des enfants,réveillon partagé, arbre de Noël, célébration religieuse. Ce qui est commun à tous, c’est un moment qui rassemble, qui sort de l’ordinaire, et qui a sa part de merveilleux,de rêve, de réjouissances. Noël, la fête la plus universelle-ment partagée et la plus diversement célébrée. Elle a tant de résonances possibles que chacun peut se l’approprier comme il l’entend. J’aime ce lien qu’elle établit entre nous tous par-delà ces variations.

Une fête de l’intimité

À la différence du Nouvel An qui explose dans l’exubérance, Noël se resserre sur l’intimité du foyer, le cercle familial. Ce ne serait pas la fête, s‘il n’y avait pas un petit côté théâtral : l’arbre, les guirlandes, les bougies, la crèche.J’y vois, non pas une fête des enfants, mais une fête avec les enfants. Aucune autre ne cultive autant le lien entre les générations. L’émerveillement des enfants réveille chez les adultes quelque chose de leur propre enfance, oublié ou refoulé. Les cadeaux circulent entre les uns et les autres. Le repas est un moment de communion entre tous. Temps hors du temps, offert à la générosité, à la surprise,au plaisir. En se resserrant sur l’intimité, Noël se resserre sur ce qui compte le plus : les liens d’affection, l’échange entre les êtres et les générations, la joie de donner et de recevoir, la reconnaissance les uns et des autres.

Une fête pour le jour d’après

Si j’aime Noël, c’est que c’est une fête qui éclaire le quotidien. Les lendemains de fête sont souvent moroses,comme un feu d’artifice qui s’est éteint. Mais Noël, c’est une fête pour le jour d’après, et pour tous les jours qui suivront. Parce-qu’elle nous dit dans son message une espérance à ras de terre, là où la vie est difficile, parfois même sans espoir. « La Parole a été faite chair »ces mots, un peu mystérieux nous disent un Dieu qui vient,qui habite la vie humaine dans sa fragilité: rien d’humain ne lui est étranger. Une naissance: c’est le mot même de Noël. Le tout petit commencement de toute une vie humaine, qui deviendra pour tant d’autres créatrice de vie.Une naissance pour offrir à chacun la grâce de renaître. Car la parole de Jésus suscite en nous un regard nouveau sur la vie et sur les autres: dans notre existence usée,fatiguée, un nouveau souffle qui nous apporte un nouveau commencement. Noël: un jour pour s’étonner et s’ouvrir à cette promesse.l