Avant Noël, Éric Zemmour et Valérie Pécresse se sont rendus en Arménie, terre des chrétiens d’Orient, menacée par l’Azerbaïdjan et la Turquie, note Le Parisien. Quant au quasi-candidat à sa propre succession, Emmanuel Macron, il s’est récemment entretenu avec le pape François au Vatican, après avoir visité l’été dernier l’église Notre-Dame de l’Heure, à Mossoul, en Irak, lieu symbolique des chrétiens martyrisés par Daech. Du centre droit à l’extrême droite, les prétendants à la présidentielle de 2022 semblent vouloir adresser de multiples clins d’œil à l’électorat catholique. Rappelons que, lors du précédent scrutin en 2017, le candidat de droite LR François Fillon avait raflé 50 % des suffrages des catholiques.

Cependant, peut-on parler d’un vote catholique en France, s’interroge le quotidien ? “Non, si l’on se réfère à ceux qui se déclarent catholiques, soit environ la moitié de la population, analyse le sociologue des religions Philippe Portier pour Le Parisien. Mais oui, si l’on zoome sur la minorité des pratiquants réguliers, les deux à trois millions de personnes qui vont à la messe chaque dimanche ou au moins une fois par mois. Ceux-là ont un fort tropisme de droite et, surtout, ne s’abstiennent pas : un bon chrétien est un bon citoyen”. 

Plus d’humanité et moins d’exclusion

“Cette catégorie pèse quelque 5 % du corps électoral. Marginal, mais avec un seuil de qualification au second tour qui s’annonce relativement bas, capter cet électorat peut faire la différence”, explique Stéphane Zumsteeg, directeur du département opinion chez Ipsos, cité par Le Parisien. “On a clairement une compétition entre deux rivaux, Valérie Pécresse et Éric Zemmour. Ces catholiques qui résistaient aux sirènes de l’extrême droite sont perméables au discours de Zemmour sur la défense des valeurs chrétiennes, son programme très libéral sur l’économie et très conservateur sur le plan sociétal”, ajoute-t-il. D’après Ipsos, la candidate LR garderait néanmoins un net avantage face au polémiste d’extrême droite : 29 % des intentions de vote des catholiques pratiquants, contre 23 % (pour Zemmour).

Longtemps peu réceptive à ses discours, une partie de cette communauté semble aujourd’hui séduite par l’extrême droite. “Les croyants sont très à l’écoute de la hiérarchie ecclésiale, or les évêques sont bien plus réservés que par le passé, précise Philippe Portier. Au temps d’un Mgr Lustiger, le discours contre les partis prônant le rejet de l’immigré ou un nationalisme excessif était fort et clair.” Reste que l’Église ne sera pas indifférente, écrit Le Parisien. D’après les informations du quotidien, un livre intitulé L’Espérance ne déçoit pas (Éditions du Cerf) sera publié par la Conférence des évêques de France. Jean-François Colosimo, son éditeur, indique au Parisien qu’il s’agira d’une réflexion sur l’élection présidentielle. “Le texte ne dira pas pour qui il faudrait voter, mais devrait prévenir contre les extrêmes et rappeler la ligne du pape François pour plus d’humanité et moins d’exclusion”.