C’est un constat inquiétant. D’après un sondage baromètre Ipsos – Sopra Steria pour Le Parisien – Aujourd’hui en France et France Info publié le 19 mars, seules 68% des personnes interrogées comptent se rendre aux urnes pour la présidentielle. Ce qui signifie que 32% des sondés seraient disposés à bouder le scrutin, soit près d’un électeur sur trois.

À trois semaines du premier tour, qui se tiendra le 10 avril, rien n’est encore joué, rappelle Le Parisien. Reste que, si la tendance ne s’inverse pas d’ici-là, le record d’abstention à une présidentielle – celle de 2002 – risque d’être battu : il était alors de 22%.

(Une telle abstention) ne serait pas une surprise, mais la confirmation d’un phénomène de retrait civique observé sur nombre d’élections depuis plusieurs années”, explique au Parisien Arnaud Benedetti, professeur à la Sorbonne. “Même avec une forte abstention, l’élection serait légitime. Ce qui manquerait, c’est la force propulsive pour conduire ses réformes que donne au vainqueur un scrutin gagné avec une bonne participation et un score fort au premier tour”, complète Brice Teinturier, directeur général délégué d’Ipsos France.

“Désafilliation”

Ainsi, la politique du vainqueur serait remise en cause par celles et ceux n’ayant pas voté pour lui, avançant l’argument d’une majorité fragile. Comment expliquer un tel éventuel désintérêt ? La pandémie, la guerre en Ukraine, les Français n’auraient pas la tête à la présidentielle, écrit Le Parisien. Dans un sondage OpinionWay – Kéa Partners pour Les Echos publié le 18 mars, 62% des Français indiquent s’intéresser à la campagne. “Cette apathie de l’opinion publique face à cette élection est très inquiétante, on est très en retard par rapport à d’habitude”, explique Bruno Jeanbart, vice-président d’OpinionWay, au quotidien économique.

La campagne à la télévision reste, pour une présidentielle, le principal vecteur pour s’informer. Mais on est passé d’un monde avec peu d’émissions politiques à très forte audience à un monde avec une foule d’émissions, à plus faible audience. Peu de choses cristallisent le débat et les conversations”, ajoute-t-il. “Il y a un phénomène de désaffiliation vis-à-vis des institutions républicaines”, précise Arnaud Benedetti au Parisien.