À partir d’une question d’actualité, la « boussole de la FEP » propose des pistes de réflexion pour nourrir le sens de nos actions et tenter d’éclairer le sens des événements que nous traversons.

La parole

Au fil du temps, des différents politiques, économiques et religieux ont fait que Judéens, Galiléens et Samaritains regardent la culture et la religion des autres avec dédain et suspicion. Jésus s’est arrêté au bord d’un puits. Arrive une femme de Samarie pour puiser de l’eau. Jésus lui dit : « Donne-moi à boire. » Ses disciples, en effet, étaient allés à la ville pour acheter de quoi manger. Mais cette femme, cette Samaritaine, lui dit : « Comment ? Toi qui es Juif, tu me demandes à boire, à moi, une femme, une Samaritaine ? »

La Bible, évangile de Jean, chapitre 4, versets 7 à 9

Chemin de réflexion

Le miracle d’une rencontre !

Tout les sépare. Lui est homme juif, elle femme samaritaine. Ils appartiennent à deux mondes religieux et culturels différents qui font tout pour s’éviter. Et pourtant le miracle de la rencontre se produit au bord du puits. Ils se parlent et se comprennent.
Pour parvenir à cette compréhension, il faut du temps. Le dialogue est long, parfois répétitif car les mêmes sujets sont souvent repris avec d’autres mots. A certains moments la communication semble impossible car chacun est sur un registre différent. Mais à force de patience, d’attention à l’autre, un dialogue en vérité et en humanité se noue.
Nos différences culturelles peuvent constituer un obstacle surtout quand s’y rajoute la barrière de la langue. Et pourtant par le visage, le regard, les gestes, beaucoup peut se dire au-delà même de la parole. Nous sommes de la même pâte humaine, traversés par les mêmes sentiments de joies ou de peines. Une commune humanité nous lie au-delà des cultures, pour le pire comme pour le meilleur.

Denis Heller, pasteur. Fondation Diaconesses de Reuilly

 

Voir l’homme ou la femme, avant sa culture

Dans ce texte, nous voyons Jésus demander de l’eau à une Samaritaine, avant de s’entretenir longuement avec elle : cette femme se rend compte alors, avec une grande joie, qu’elle est en train de parler avec le Messie, le Christ ! Un peu après, les disciples de retour sont étonnés de voir Jésus converser avec cette femme : en effet, à l’époque les Juifs et les Samaritains n’avaient pas de relations entre eux pour des questions religieuses et culturelles. Jésus ne s’arrête pas à de tels préjugés : on le voit souvent passer du temps, manger et parler avec les exclus, les rejetés, les étrangers de son époque et leur annoncer la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu.
La raison est double : en effet, ceux qui se sentent rejetés par les autres sont souvent plus ouverts à cet accueil et cet amour du Christ ; d’autre part, Dieu ne regarde pas à nos différences culturelles ou autres, mais à l’attitude de notre cœur face à Lui et face aux autres. Ce texte nous questionne : jugeons-nous d’après les apparences, ou sommes-nous à la fois lucides et bienveillants comme le Christ l’était face aux personnes d’une autre culture ?

Bruno Landais et Mario Holderbaum. Église tzigane Vie et Lumière

 

Chère Hanane,

Parfois on ne se comprend pas … Parfois ta façon de penser est si loin de la mienne que j’ai de la peine à te rejoindre, à t’écouter sans vouloir sans arrêt te convaincre ! J’ai même du mal à imaginer que tu puisses avoir raison, que ta façon de vivre est tout aussi valable que la mienne, que ton point de vue, différent, peut simplement m’enrichir, me percuter, m’aider à avancer.
Et pourtant … Quand je lis les textes des Évangiles, je constate à quel point Jésus nous montre la voie, celle de l’altérité. L’étranger n’est pas à combattre ou à convaincre, il est considéré comme une grâce, un cadeau, une opportunité.
Chère Hanane, il ne s’agit pas, bien sûr, de gommer nos différences mais d’en apprivoiser les aspérités, d’en goûter toutes les saveurs. Pardonne-moi pour toutes les fois où je me suis sentie au-dessus de toi, toutes les fois où j’ai pensé que ma culture, ma façon de vivre était meilleure que la tienne. Nous sommes différentes et nous sommes, ensemble – mais pas l’une sans l’autre – le sel de cette terre.

Valérie Rodriguez, Directrice de la Fraternité Mission Populaire de Trappes

 

Des mots pour prier

Heureux ceux qui ont assez de délicatesse pour porter la souffrance de l’autre comme si c’était la leur.
Heureux ceux qui sont assez ouverts pour chercher un chemin nouveau, loin de l’agressive affirmation de soi.
Heureux les hommes intègres qui s’opposent à l’injustice engendrée par les abus de pouvoir.
Heureux ceux qui sont conscients d’être responsables de la paix.
Heureux ceux et celles qui voient en chaque personne un frère, une sœur en humanité.
Seigneur, remplis-nous de ce bonheur-là !