Le « grand remplacement » était manifestement le sujet de la rentrée politique… Cette théorie, qui pointe l’invasion et la substitution d’une population par une autre, pourrait tout aussi bien s’appliquer à la crise écologique actuelle ! L’effondrement du nombre d’espèces, la modification accélérée du climat et des biotopes, les dangers mêmes courus par l’humanité peuvent nous faire penser que le grand effondrement – comme les phénomènes invasifs – ne se joue pas tant au niveau d’une ethnie culturelle que des espèces entières, humains compris.

Une préoccupation majeure…

Prendre le virage de la transition écologique est plus difficile encore que de gérer les migrations de population ! Confrontés à l’accroissement des phénomènes climatiques extrêmes, les Français tiennent désormais l’environnement pour une préoccupation majeure, et les succès électoraux des écologistes – y compris la primaire de cet automne – en sont la preuve. Pour autant, le passage dans le réel reste toujours aussi problématique, au niveau des lois adoptées (ou recalées), des évolutions de l’appareil productif, des changements de mode de consommation. Pourtant, plus que jamais, le temps nous est compté, puisque, selon le dernier rapport du Giec, les dix prochaines années seront décisives !

… souvent occultée par d’autres

« Le temps presse » disait déjà, en 1987, Carl Friedrich von Weizsäcker dans un ouvrage remarqué et à la tribune du Conseil œcuménique des Églises. Des réformés français qualifièrent cela d’agitation et tinrent l’Église à distance de ces « théories » trop mondaines et trop politiques. Il aura fallu attendre 2021 pour que l’Église protestante unie s’exprime en son nom propre sur cet enjeu majeur. Une conversion tardive, avec mille précautions pour que les postures de radicalité ne viennent pas échauffer les esprits. On pourra s’étonner – sur un sujet éthique comme celui-là – d’une réflexion si peu théologique et herméneutique, d’une valorisation si faible des contributions protestantes, d’une analyse éthique si peu au fait des fronts du débat scientifique et sociétal.

On se demande surtout si les préoccupations internes à l’Église ne vont pas, à nouveau, monopoliser les énergies et remettre dans l’ombre « le temps de la Création » et « l’espérance d’une terre nouvelle »…