Pour commencer, en prélude à la question de l’accueil des migrants, je voudrais raconter un petit drame, écrit par Marguerite de Navarre, la sœur de François 1er, une des protectrices de Calvin, de Marot ; elle a écrit l’Heptaméron, une histoire d’amour, des histoires très drôles et paillardes, mais elle a aussi écrit Le miroir de l’âme pécheresse ; c’était une femme extraordinaire, pour laquelle François 1er a construit Chambord, et elle était la mère de Jeanne d’Albret.

Elle a écrit un drame sur la nativité où elle met en scène Joseph et Marie, en train de chercher à Bethléem un lieu où passer la nuit. Ils y essuient trois refus. Ils vont d’abord au château de Bethléem, la puissance politique, ils sont des manants, même pas accueillis, chassés. Alors ils descendent vers la ville, il y a une maison superbe, des gens très riches ; ils sont refusés parce qu’ils sont trop pauvres. Ils cherchent alors un troisième endroit. C’est un endroit bruyant où les gens sont en train de faire la fête, et justement on les refuse parce qu’ils ne sont pas drôles.

En lisant cela, on se rappelle de ce que dit Jésus (Mt 25) : « chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits, c’est à moi que vous l’avez fait. » Je pense que c’est dans cette idée-là, de l’incognito du visage du Christ, que s’originent toutes nos institutions sociales de charité, de solidarité et de mutualité ; c’est quelque chose que notre société a oublié. […]