La parole

Jésus raconte l’histoire d’un homme blessé devant lequel des religieux passent sans rien faire. « Mais un Samaritain qui était en voyage arriva près de l’homme : il le vit et fut pris de pitié. Il s’approcha, banda ses plaies en y versant de l’huile et du vin, le chargea sur sa propre monture, le conduisit à une auberge et prit soin de lui. »

La Bible, Évangile de Luc chapitre 10, versets 33-34

Chemin de réflexion

Une vocation

Les conditions de travail dégradées, aggravées par la pandémie et la surcharge d’investissement personnel qu’elle a suscitée, justifient la question posée ici. Le texte du «Bon Samaritain» nous rappelle que les soins ne sont pas d’abord une question de gestes techniques, mais de compassion : ce mot signifie «souffrir avec», s’associer de tout cœur à celui que l’on soigne, dans le but bien sûr de le soulager autant que possible. C’est ce que de nombreux soignants appellent «leur vocation». Cela passe aussi par des actes concrets : le Bon Samaritain verse sur les plaies de l’huile (symbole du Saint-Esprit qui sait calmer nos douleurs intérieures) et du vin (représentant le sang versé à la croix par le Christ, qui nous accorde le pardon). Puis, dans sa générosité, il place le blessé sur sa propre monture et le conduit à une auberge pour prendre encore soin de lui. Notre vœu est que ce texte encourage les travailleurs du soin et ceux qui souhaiteraient le devenir : Dieu connaît leur consécration, leur bienveillance et y est sensible.

Bruno Landais et Mario Holderbaum. Église Tzigane Vie et Lumière

 

Parce que l’autre est là

Le soin, nous le savons, est beaucoup plus qu’un acte technique, il est rencontre, attention à l’autre, mon semblable qui a besoin de moi, tout comme moi j’ai besoin des autres dans ma vie. Oui, au commencement est la rencontre, dans le soin comme dans toute vie humaine. C’est bien ce que nous dit Jésus, dans cette histoire d’un Samaritain que rien ne prédisposait à soigner un blessé sur le chemin. Pourtant, le Samaritain s’approche, donne de lui-même, de son temps, de tout ce dont il dispose, son âne, son huile, son vin… pour soigner un parfait inconnu qui devient alors pour lui son prochain. Pour moi aussi, qui travaille dans le domaine du soin, un inconnu devient un Tu, une personne pour qui je vais mobiliser toutes mes ressources. Pourquoi ? Je ne sais pas, juste parce qu’il est là, avec son regard qui m’appelle, qui m’attend. Les contraintes des métiers du soin sont nombreuses, pesantes parfois, et le Covid a apporté son lot de questions non réglées, au point que certains hésitent à rester dans cette voie, ou à s’y engager. Qu’il est beau, cependant, ce chemin d’humanité et de fraternité ! Sachons le préserver et nous préserver du découragement !

Christine Renouard, pasteur. Église Protestante Unie de France

 

Ne pas rendre impossible notre mission

Il y a quelques mois encore, nous n’avions pas envisagé la suite de cette pandémie avec une quatrième vague si contagieuse et si proche. Mais le virus, s’il paralyse certaines de nos habitudes, ne doit pas entraîner une paralysie de nos choix, de nos engagements, de nos convictions, de notre imagination. Depuis ces 6 derniers mois, je rencontre au sein de l’équipe de soins à domicile dont je fais partie (à l’ASAD de Colmar), des infirmières animées par un potentiel d’énergie surprenant, des richesses dont je n’avais pas pris la mesure jusque-là. Je découvre le don, le talent et la force du prendre soin, ce désir étonnant de remettre debout ceux que la maladie met à genoux. Je repère combien la réflexion et la concertation collectives permettent à chacun de tenir une place au sein de cette équipe, de risquer une parole à partir de son originalité, de son expérience. Je me réjouis de voir une équipe qui, bien qu’elle soit éprouvée par des départs successifs, se donne des moyens pour tenir bon dans la durée et qui agit avec raison pour ne pas rendre impossible sa mission. Nous sommes des êtres de relation, de solidarité, d’attention, de coresponsabilité, de spiritualité. Continuons à ouvrir nos yeux pour oser faire des choix qui mettent l’humain au centre des projets.

Christiane Schirmer, Infirmière. Centre de Santé Infirmier ASAD Colmar

 

Des mots pour prier

Merci, Seigneur pour toutes les personnes que tu nous as données à aimer, à accompagner, à soulager.
Mais nous sommes parfois si las, si usés de notre métier au contact de la maladie, de la souffrance, de la mort…
Toi qui as guéri, soulagé tant de souffrances, accompagne-nous sur ce chemin d’humanité que nous avons choisi.
Dans nos moments de doute, conduis-nous vers l’autre, notre semblable, qui nous attend. Fais-nous retrouver intacts l’émerveillement de la rencontre et la joie du service.
Amen

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