Google a une longueur d’avance par rapport à toutes les autres entreprises du secteur : la géolocalisation. Depuis des années, elle investit dans ce domaine. Le dernier achat en date est celui de Skybox Imaging en 2014. « [La géolocalisation] représente à elle seule plus de 30% des événements détectés par nos outils » connectés : smartphone, montres GPS, bracelet d’activités… « Toutes les cinq minutes, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, on est localisé, les données sont stockées et traités par Google (…) Et quand on commence à bouger, ce n’est pas toutes les cinq minutes mais toutes les minutes ! » (1) Ainsi, Google peut retracer l’historique de nos déplacements, et ceci depuis l’achat de notre téléphone ou ordinateur : les endroits où nous nous sommes rendus, les magasins que nous avons visités, les transports en commun dans lesquels nous sommes montés…Et la plupart du temps à notre insu. Et si nous avons téléchargé des applications, Google a vendu ce service aux éditeurs de celles-ci. Car la géolocalisation est avant tout un gigantesque business. Google, et tous les développeurs d’applications, peuvent grâce à elle dresser des profils d’utilisateur qui seront ensuite revendus à prix d’or aux publicitaires. Les profits sont à ce point abyssaux que Google n’hésite pas à travailler sur une voiture « intelligente » : autonome. Dotée des plus performantes technologies, elle sera pourtant vendue à bas coût. Et si c’est gratuit –ou presque– c’est parce que l’utilisateur en est le produit !

La transparence

Les « bases de données » posent d’importants problèmes écologiques. Elles participent notamment au réchauffement climatique. En 2015, en effet, l’ensemble des « données » collectées sur la planète s’élevait à 8 zétaoctets (1021 octets). Les ordinateurs, téléphones, montres et autres objets connectés qui les fournissent sont extrêmement énergivores. On estime cette énergie dépensée à plus de 40 Gigawatt. Sans compter qu’il faut refroidir les milliards de données qui sont stockées, traitées et analysées. Mais le plus grand défi est sans nul doute éthique. De deux manières différentes. Du côté de l’entreprise, d’abord. Google, comme ses concurrents, réduit l’homme à n’être qu’un objet. Un pas est franchi. La société moderne était parvenue à faire de l’humanité des consommateurs. La société post-moderne en fait un produit ! Mais le défi éthique se trouve également du côté de l’utilisateur. La grande performance de Google est d’avoir su, en quelques années, transformer les données « privées » en données « personnelles ». Ce qui est fort différent ! L’utilisateur lui-même – nous, en dernière instance – sommes fiers de pouvoir publier sur notre page Facebook ou sur les diverses applications qui sont à notre portée : nos photos, nos vidéos, nos activités, nos performances. Notre vie « privée » en devient transparente. Elle n’est plus privée de public. Elle peut même faire de l’audience, du buzz ! C’est sans nul doute le ressort du succès de Google : avoir su tirer profit de la soif qu’à l’homme de se trouver au centre de l’univers ou, plus simplement, de son besoin –quasiment vital– de reconnaissance.

Dieu au centre

Dans l’un et l’autre cas, le souvenir que Dieu nous donne une identité, celle de fils, peut être libérateur. Cela devrait nous replacer à notre juste place et nous empêcher de chercher le salut dans la reconnaissance des autres. 

(1) Lire Libération, Google nous balade, Samedi 15 et Dimanche 16 août 2015.