En 2002, George Bush définissait un axe du mal des pays qui soutiennent le terrorisme international. L’Iran et l’Irak sont en tête de liste. Pour détruire cet axe, les États-Unis ont envahi l’Irak et ils ont renforcé les sanctions économiques contre l’Iran. Douze ans plus tard, l’Iran a élu un président plus modéré que ses prédécesseurs et il est en train de retrouver sa place dans la communauté internationale alors que l’Irak est en pleine guerre civile, menacé de tomber entre les mains des islamistes les plus intégristes.
Je dois avouer qu’en 2003, alors que Réforme organisait une pétition contre la guerre, je n’étais pas insensible aux raisons qui ont motivé l’invasion de l’Irak au nom de l’argument selon lequel il fallait abattre le tyran. J’avais oublié que la guerre porte avec elle une logique de mort et de destruction. Les Américains sont entrés dans le pays en libérateurs pour apporter la démocratie et, quelques mois plus tard, ils torturaient les prisonniers dans les caves de la prison d’Abou Ghraib. En licenciant les forces militaires et les membres du parti Baas au pouvoir, le gouverneur provisoire de l’Irak « libéré » a réduit un million de personnes au chômage et détruit la colonne vertébrale de l’État irakien. Depuis, le pays vit dans le chaos, ce qui a réveillé les vieux démons des divisions religieuses et tribales. Lorsqu’il n’y a plus d’État, on se replie sur d’autres identités, potentiellement meurtrières. […]