L’archevêque de Mossoul, qui s’est réfugié à Erbil dans le Kurdistan irakien, s’est effondré devant ses paroissiens disant qu’il ne pouvait plus rien leur promettre et que la seule chose à faire était de garder la foi. En écho à cette impuissance, nous publions le témoignage d’un théologien libanais qui dit que, devant un trop grand malheur, parfois on ne peut rien faire d’autre que de garder le silence (voir p. 16). Quelle parole dire face à un homme qui a perdu son travail, sa maison, son magasin, tous ses biens personnels et un ou plusieurs membres de sa famille ? Les chrétiens irakiens n’ont pas besoin de paroles mais de mains tendues.
Dans les trois évangiles synoptiques, un chapitre traite des temps de persécution (Mt 24, Mc 13 et Lc 21). Ils sont construits sur le même schéma. Dans un premier temps, Jésus demande à ses disciples de résister et il leur fait une promesse : « Quand on vous emmènera pour vous livrer, ne vous inquiétez pas d’avance de ce que vous direz… ce n’est pas vous qui parlerez, mais l’Esprit saint. » (Mc 13,11). Puis vient ce qu’il appelle l’abomination et la désolation, et là il n’est plus question de résister : « Que ceux qui seront en Judée fuient dans les montagnes ; que celui qui sera sur la terrasse ne descende pas et ne rentre pas pour prendre quelque chose dans sa maison, et que celui qui sera dans les champs ne retourne pas en arrière pour prendre son manteau. » (Mc 13,14-16). Autrement dit, il y a un temps pour résister et un temps pour fuir. […]