Question redoutable posée aux responsables de Charlie Hebdo : si on leur avait dit que leur couverture allait faire dix morts au Niger et provoquerait la destruction de quarante-cinq églises, l’auraient-ils maintenue ? Nous savons que les manifestations contre la caricature du Prophète n’étaient qu’un prétexte et que la colère des foules a été instrumentalisée, mais qu’il est difficile le chemin d’une liberté responsable !
Dans le Nouveau Testament, une analogie peut nous aider à penser cette question. Les cultes païens offraient des sacrifices animaux dont la viande était ensuite revendue. Dans la première Église, certains membres ne pouvaient en conscience consommer des viandes issues de ces pratiques idolâtres. Interrogé sur cette question, Paul répond que la liberté chrétienne le libérait de la crainte et de la fascination des idoles et qu’il pouvait manger de tout. Mais, ajoutait-il, si l’exercice de ma liberté devait scandaliser un petit, alors je m’abstiendrais car le respect de la conscience du frère est plus important que l’exercice de ma liberté la plus légitime (Rm 14,15 ; 1 Co 8,9). La problématique éthique se ramène à la question suivante : qui sont les grands et où sont les petits ? […]