« Pourquoi ont-ils tué Jaurès ? », chantait Jacques Brel. On peut se poser la question. Que se serait-il passé s’il n’avait pas été assassiné trois jours après la déclaration de guerre de l’Autriche à la Serbie et à la veille de la mobilisation générale de notre pays ? Lui qui était pacifiste avait prévu que le jeu des alliances allait entraîner l’Europe entière dans ce désastre absolu que fut la Grande Guerre. Plus qu’un autre, il avait pressenti que la guerre ne serait pas courte et victorieuse comme l’avait annoncé Poincaré, il avait prophétisé que les populations civiles paieraient un lourd tribut au conflit.
Aujourd’hui, nous savons que la Première Guerre mondiale porte en germe beaucoup des malheurs du vingtième siècle : des millions de morts et des blessés, le génocide arménien, la révolution russe, la grippe espagnole, le nazisme… On n’a pas le droit de ne pas entendre les leçons de l’Histoire. Et pour cela, nous devons prêter une oreille attentive à toutes les voix qui auraient pu éviter cette catastrophe. Faire mémoire de l’histoire et des combats de Jaurès relève de cette exigence. […]