Un héritage de résistance

À l’occasion de la Journée Internationale des Droits des Femmes, Jacqueline Loyal et Annie Morvan, respectivement présidente et secrétaire de l’association Femmes Solidaires du Pays de Saint-Malo, ont partagé leurs réflexions sur les défis persistants auxquels sont confrontées les femmes dans le monde. Leur discours, ancré dans une riche histoire de lutte pour l’égalité, rappelle que malgré les progrès réalisés, de nombreuses batailles restent à mener.

L’association Femmes Solidaires trouve ses racines dans l’après-guerre, lorsque des résistantes ont créé l’Union des Femmes Françaises pour soutenir les veuves et les familles. En 1998, l’organisation a été rebaptisée Femmes Solidaires pour refléter une mission élargie. Jacqueline Loyal, membre depuis 1962, souligne l’importance continue de dénoncer les inégalités. « Il est crucial de continuer à se battre pour les droits des femmes, » affirme-t-elle.

Cette année, la Journée Internationale des Droits des Femmes est marquée par une actualité troublante. La pandémie de Covid-19, bien que ses effets semblent s’atténuer, continue de menacer, et les conflits armés, notamment en Ukraine, exacerbent les souffrances. « Le canon gronde aux frontières de l’Europe, et malheureusement, cette journée a un goût amer, » observe Jacqueline Loyal, rappelant la situation désespérée des femmes et des enfants ukrainiens fuyant la guerre.

Inégalités salariales et précarité

Outre les conflits et les crises sanitaires, les inégalités économiques demeurent un enjeu majeur. Annie Morvan met en lumière les disparités salariales persistantes. Selon une étude de l’INSEE du 3 mars 2022, l’écart de salaire entre les hommes et les femmes dépasse encore 20 %. Cette inégalité se répercute sur les retraites, où les pensions des femmes sont inférieures de 23 à 24 % à celles des hommes, même en tenant compte des pensions de réversion.

Morvan souligne que ces écarts sont dus à plusieurs facteurs, notamment la sous-représentation des femmes dans les postes de cadre et leur surreprésentation dans les emplois à temps partiel et les secteurs moins bien rémunérés, comme les services à la personne. « Les professions de soin et de service, majoritairement occupées par des femmes, sont parmi les moins bien rémunérées, » précise-t-elle.

Violence et migration : Des défis globaux

Les violences conjugales et intrafamiliales restent également au cœur des préoccupations de Femmes Solidaires. L’association travaille en réseau avec diverses institutions pour offrir un soutien aux victimes. « Nous orientons les femmes vers des structures appropriées et les accompagnons dans leurs démarches, » explique Jacqueline Loyal. Cependant, la nécessité de refuges d’urgence et de solutions pérennes est criante, notamment à Saint-Malo.

L’association s’inquiète aussi des violences exacerbées par les migrations forcées. « Nous savons que les violences augmentent dans les mouvements migratoires et les zones de guerre, » en référence à la crise ukrainienne. Elle appelle à une protection renforcée des femmes et des enfants par l’ONU, soulignant que ces populations sont particulièrement vulnérables.

Actions locales et internationales

Femmes Solidaires du Pays de Saint-Malo mène diverses actions tout au long de l’année, malgré les restrictions imposées par la pandémie. Les membres de l’association interviennent dans les établissements scolaires pour sensibiliser les jeunes aux droits des femmes et aux questions d’égalité. « Nous avons récemment travaillé avec des élèves sur le thème de l’accès des femmes aux Jeux Olympiques, » raconte Annie Morvan.

L’association reste également engagée sur le plan international, avec des projets de soutien en Éthiopie et au Rwanda. À l’automne dernier, un collectif pour l’Afghanistan a été créé en partenariat avec le Planning Familial. « Nous organisons des ventes-expositions pour soutenir les familles afghanes en difficulté, » ajoute Jacqueline Loyal.