La justice est à l’évidence l’un des secteurs de la société moderne (avec le travail, la recherche scientifique, l’enseignement, l’évolution technologique …) qui se trouve être l’objet du maximum de projections, d’attentes, de frustrations : bref, de fantasmes. À l’opacité qui entoure son véritable fonctionnement, mais surtout ses enjeux et ses finalités, chez la plupart de nos contemporains, ne répondent guère qu’une myriade de lieux communs et de caricatures. Il semblait donc judicieux de reprendre à nouveaux frais le dossier de la justice, de la prison, et du sens de la peine, pour cette 7e convention du Forum protestant.

« Justice pour restaurer, punir et guérir » : l’intitulé de cette rencontre se veut à dessein éloigné de tout manichéisme, et par conséquent de toute alternative binaire et réductrice. Il n’est pas question de choisir une justice de restauration contre une justice de punition, a fortiori de viser la guérison en faisant l’économie de toute sanction. Même les plus ardents promoteurs de la justice restaurative ne la présentent jamais comme une panacée appelée à se substituer un jour plus ou moins prochain, dans un monde idéal, à la justice pénale de type classique : mais comme un processus complémentaire à la justice rétributive, et même à la peine de prison, avec lesquelles il s’agira de l’articuler étroitement. Non pas, donc, « Justice pour punir, ou pour restaurer et guérir », mais bien « Justice pour restaurer, punir et guérir ». Loin de toute univocité, la finalité de la justice est plurielle, foisonnante.

À quoi cela sert-il donc de punir ? Et qu’est-ce que cela révèle de notre humanité ? La rétribution est-elle le seul sens de la peine ? Pourrait-on sanctionner sans incarcérer ? Et que faire pour les personnes radicalisées ? Dans quelle mesure la foi chrétienne peut-elle contribuer au débat sur le sens de la peine ? En quoi l’espérance du Royaume peut-elle aider à porter un autre regard sur les personnes qui ont transgressé la loi commune ? Telles sont quelques-unes des questions qui seront débattues lors de cette convention.

La convention du Forum protestant a été créée en 2013 pour faciliter l’expression et l’échange des idées, opinions et expériences sur les sujets de société dans un cadre protestant, et ainsi mieux faire entendre les voix des protestants sur ces questions dans la société française. Une fois par an, une journée est consacrée à une thématique, en partenariat avec Réforme, Foi&Vie, la Fondation Bersier, et l’Église protestante unie de France.

Le programme :
9h30 : accueil
10h : introduction (Frédéric Rognon)
10h15-10h45 : Dura lex sed lex (Éric Serfass)
10h45-11h15 : Sens et non-sens de l’incarcération (Marion Wagner)
11h15-11h45 : débat
11h45-12h15 : Pour en finir avec la primauté de l’emprisonnement en matière correctionnelle : retour sur l’expérience de la contrainte pénale (2014-2019) (Pierre-Victor Tournier)
12h15-12h30 : débat
12h30-14h : pause-buffet
14h-14h30 : Justice restaurative : où en sommes-nous ? (Robert Cario)
14h30-15h : Le sens de la peine pour les personnes radicalisées (Guillaume Monod)
15h-15h30 : débat
15h30-16h30 : ateliers (Sens et non-sens de la peine avec Éric Serfass, Marion Wagner et Pierre-Victor Tournier ; Justice restaurative avec Robert Cario et Brice Deymié ; Prison et radicalisation avec Guillaume Monod)
16h30-17h : Sens de la peine et temporalité (Frédéric Rognon)
17h-17h30 : Donner du sens à la peine … par la foi (Brice Deymié) 17h30-18h : débat et conclusion

Production : Fondation Bersier
Réalisation : Jean-Luc Mouton
Intervenants : Frédéric Rognon, Marion Wagner, Éric Serfass, Robert Cario, Guillaume Monod, Brice Deymié