Hiver 2014. Deux cent cinquante pasteurs ont participé à un concours de prédication organisé par la Fédération des Églises protestantes de Suisse. La prédication romande qui a été primée a été prononcée par la pasteure Isabelle Ott-Baechler lors de l’installation des autorités cantonales à la collégiale de Neuchâtel. Elle porte sur la parabole du bon grain et de l’ivraie (Mt 13,24-30) qui interdit aux ouvriers d’arracher la mauvaise herbe d’un champ au risque de détruire quelques bons épis. Le tri se fera à la fin des temps. Cette parabole nous rappelle que le temps dans lequel nous nous trouvons est marqué par l’ambiguïté et que, de ce fait, la quête de purification de ce monde est d’essence totalitaire. La pasteure rappelle à juste titre que la démocratie postule que le mal ne peut être extirpé une fois pour toutes.
La prestation de François Hollande à la télévision est une illustration de cette parabole. Les commentaires n’ont pas manqué de souligner ses contradictions et ses maladresses. Le président de la République n’est pas parfait. Mais qui l’est ? Il commet des erreurs et ne manque pas d’ambiguïté mais nous ne croyons plus à l’infaillibilité présidentielle. Une des difficultés du rapport au politique est que nous attendons du président qu’il soit exemplaire dans sa vie privée et que son gouvernement soit irréprochable. Nous exigeons qu’il réduise les déficits, baisse les impôts, augmente les prestations sociales, stimule la croissance et diminue le chômage. Devant une telle attente, on ne peut être que déçu. […]