Les défis du vieillissement au sein de l’église

Le vieillissement de l’église est souvent perçu comme un phénomène inévitable et naturel. Cependant, il pose des défis uniques qui nécessitent une attention particulière. À mesure que les membres de l’église vieillissent, les pulsions de vie et de mort deviennent des forces concurrentes. Les pulsions de vie, qui se manifestent par des projets, des désirs d’être, d’apprendre et d’aimer, doivent constamment rivaliser avec les pulsions de mort, qui tendent vers le repli sur soi, l’immobilisme et le désir de confort. Ces dernières peuvent conduire à une stagnation, non seulement des individus mais de l’institution elle-même.

Le vieillissement de l’église n’est pas simplement une question d’âge des membres, mais aussi de la dynamique interne de la communauté. Une église qui vieillit doit faire face à des pertes et à des changements physiques et psychiques. Les membres plus âgés peuvent éprouver un ralentissement qui impacte leur participation active. Pour maintenir une église vivante et dynamique, il est crucial de cultiver les pulsions de vie tout en reconnaissant et en gérant les pulsions de mort.


Maintenir l’énergie vitale dans une communauté vieillissante

Pour lutter contre les effets des pulsions de mort, il est essentiel de mobiliser les compétences nécessaires pour choisir de vivre activement chaque jour. Ce choix nécessite de faire face aux conflits intérieurs, d’accepter l’inconfort et l’aventure de la vie, et de rester engagé dans des activités qui nourrissent l’esprit et le corps. L’énergie nécessaire pour rester psychiquement mobilisé, souvent appelée « rage de vivre » par les adolescents, diminue avec l’âge. Cependant, cette énergie est cruciale pour l’adaptation et le renouvellement constant des pratiques et des interactions au sein de l’Église.

Les membres plus âgés de l’église doivent être encouragés à participer activement, à se remettre en question et à s’adapter aux nouvelles réalités. Il est également important de valoriser l’expérience et les compétences des aînés, tout en intégrant les jeunes générations. Cette interaction intergénérationnelle peut revitaliser la communauté et assurer une transmission fluide des valeurs et des traditions.


Adaptation et transformation pour une église vivante

Une église qui veut rester vivante et dynamique doit adopter une vision ambivalente d’elle-même, reconnaissant ses réussites et ses échecs. Cette lucidité permet de tolérer les imperfections et d’encourager une prise en charge collective des défis. Il est également nécessaire que l’église soit pragmatique et orientée vers les relations humaines, plutôt que de se perdre dans des concepts théoriques. Une formation adéquate à la vie en groupe et à la gestion des conflits est cruciale pour maintenir une atmosphère de coopération et d’engagement.

Pour bien vieillir, l’Église doit s’adapter en permanence à ses membres et à leur environnement. Cela implique de modifier ses pratiques pour répondre aux attentes contemporaines, tout en restant fidèle à ses principes fondamentaux. Une telle adaptation nécessite une évaluation constante des capacités d’adaptation et des efforts pour transformer les méthodes de fonctionnement.

L’église doit également encourager la responsabilité partagée, où chaque membre se sent auteur et acteur de la vie communautaire. Cette dynamique de responsabilité passe par des apprentissages continus et la valorisation des savoirs pratiques et expérientiels. Apprendre à vivre ensemble en paix, à coopérer et à partager la gouvernance sont des compétences essentielles pour une Église qui veut bien vieillir.


Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Intervenante : Edith Tartar Goddet