Eugen Drewermann suggère de lire un passage de la Bible comme s’il s’agissait d’un rêve qu’on avait fait la nuit précédente et qu’il nous faut interpréter. Si nous la lisons en quête d’une parole pour notre vie, la question de son autorité ne se posera plus et nous dirons que la Bible est inspirée comme nous disons que l’eau désaltère ou que la nourriture fortifie.

En 1521, Luther est convoqué à la diète de Worms par l’empereur Charles-Quint pour s’expliquer sur ses thèses réformatrices. On lui reproche de vouloir diviser l’empire et l’Église, et on lui intime l’ordre de se rétracter. Le réformateur demande vingt-quatre heures de réflexion et au bout de ce délai, il jour déclare : « Je suis dominé par les Saintes Écritures que j’ai citées et ma conscience est liée par la Parole de Dieu. Je ne peux ni ne veux me rétracter en rien, car il n’est ni sage ni prudent d’agir contre sa conscience. Que Dieu me soit en aide ! » Comment lui, un petit moine d’un couvent secondaire, ose-t-il tenir tête aux autorités civiles et religieuses de son époque ? Au nom de sa conscience liée par la Parole de Dieu.

Pour le réformateur les Écritures ont été le point d’appui, le fondement, l’ancre qui lui a permis de tenir bon et de préférer sa conscience à l’autorité qui lui demandait de se rétracter.

C’est dans la méditation des Écritures qu’il avait découvert l’évangile de la grâce contre les déformations religieuses de son époque. La parole entendue était tellement forte et tellement vraie pour lui, qu’elle lui a permis de résister aux injonctions des autorités de son temps.

Quelques années plus tard, Calvin a souligné l’importance de l’Esprit pour nous aider à lire la Bible. La Bible n’est pas un message doctrinal que nous aurions besoin de déchiffrer pour trouver la juste position théologique, c’est une Parole vivante, une Histoire qui s’adresse à notre histoire. En demandant au Saint-Esprit d’éclairer notre lecture et d’ouvrir les oreilles de notre cœur, nous lui demandons de faire en sorte que la Bible devienne parole de Dieu pour nous, aujourd’hui.

L’enjeu de la lecture est de lire la Parole de Dieu pour relire sa vie, et relire sa vie à la lumière de la parole de Dieu.

Finalement, la Bible ne fait que répondre à la question que nous lui posons.

Si nous y cherchons des renseignements sur la religion d’Israël, elle nous donnera ces renseignements, et nous deviendrons des spécialistes de l’histoire du peuple hébreu et de la vie de Jésus.

Si nous y cherchons une doctrine, elle nous livrera une doctrine.

Si nous y cherchons une justification de nos opinions politiques, philosophiques ou morales, nous la trouverons.

Si enfin, nous n’y cherchons rien, elle ne nous dira pas grand-chose.

Mais si nous la lisons comme une lettre qui nous dit quelque chose d’essentiel sur nous et notre vie, alors elle parlera.

Eugen Drewermann suggère de lire un passage de la Bible comme s’il s’agissait d’un rêve qu’on avait fait la nuit précédente et qu’il nous faut interpréter.

Si nous demeurons des lecteurs en quête de parole, la question de son inspiration se révélera progressivement et nous pourrons dire que l’Écriture est inspirée comme nous disons que l’eau désaltère et que la nourriture fortifie.

Pour terminer un apologue :

Un homme cherchait Dieu, mais ne le trouvait pas. Il avait parcouru tous les pays, bu à toutes les sources, interrogé tous les maîtres sans trouver ce qu’il cherchait. Il avait bien essayé de lire la Bible, mais trouvait le texte vieillot et sans intérêt.

Finalement, un ange est allé le trouver pour lui demander de rouvrir le Livre, et de le lire comme un vitrail. Comme un vitrail ? L’ange explique : « Il y a deux façons de regarder un vitrail. Soit tu l’observes de l’extérieur et tu vois une ouverture sombre, un peu sale, qui te semble sans intérêt. Soit tu rentres dans l’Église et tu contemples le vitrail de l’intérieur, tu vois alors le soleil éclairer les différents morceaux et l’ensemble devient un tableau étincelant dont chaque pièce est illuminée par la lumière du soleil. Il en est de même avec la Bible, si tu la lis de l’extérieur de la foi, tu trouveras un vieux livre qui te parlera d’autrefois et l’ensemble te semblera poussiéreux ; mais si tu acceptes de rentrer en toi-même et de la lire dans une quête de parole, les différents textes vont commencer à briller chacun dans sa couleur. »

Production : Fondation Bersier
Texte : Antoine Nouis
Présentation : Gérard Rouzier

Cette vidéo est une rediffusion du 22 février 2019.