Dans la Bible, le blasphème contre Dieu ne recouvre pas une offense à la divinité, mais un mépris du prochain. Il y a plus de blasphèmes à user de violence au nom de Dieu qu’à dire des propos déplacés à son égard.

La notion de blasphème se trouve dans les textes sacrés.

Le livre du Lévitique déclare : « Celui qui blasphème au nom du Seigneur sera mis à mort » et dans le Coran, la sourate Les coalisés déclare : « Ceux qui offensent Allah et Son messager, Allah les maudit ici-bas, comme dans l’au-delà et leur prépare un châtiment avilissant. »

Ces écrits témoignent d’une époque où le religieux était le ciment du lien social et où la contestation de la religion fragilisait l’ensemble de la communauté.

En France le blasphème fut passible de mort jusqu’à la révolution et la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen.

La condamnation pour blasphème fut rétablie sous la restauration avant d’être à nouveau abandonnée en 1830.

Enfin, la loi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881 abroge la notion d’insulte à une religion reconnue par l’État.

L’abandon du blasphème comme délit est lié à la liberté d’expression et à la laïcité. Par définition, seul un état religieux peut intégrer le concept de blasphème dans sa loi. Pour un état laïc, la loi ne fait que prohiber l’incitation à la haine, la discrimination, ou encore l’incitation à la violence.

Une étude du vocabulaire biblique permet de déplacer la notion de blasphème. Lorsque David a commis un adultère avec Bethsabée et qu’il a fait tuer son mari à la guerre, le prophète Nathan est allé le voir pour lui dire qu’il avait blasphémé le Seigneur en cette affaire.

Nous trouvons une idée parallèle dans l’épître de Jacques dans laquelle l’auteur déclare que les riches qui oppriment les pauvres blasphèment le nom de Dieu.

Dans ces deux récits, le blasphème contre Dieu ne recouvre pas une offense à la divinité mais un mépris du prochain. Rapportés à notre actualité, les crimes et les massacres opérés au nom de Dieu sont  bien plus blasphématoires que les caricatures d’un film ou d’un journal.

Enfin nous ne devons pas oublier que Jésus a été condamné à mort par le tribunal religieux du sanhédrin pour raison de blasphème et que le premier martyr chrétien, Étienne a été lapidé suite au faux témoignage d’hommes qui disaient à son sujet : « Nous l’avons entendu proférer des paroles blasphématoires contre Moïse et contre Dieu. »

Les pouvoirs religieux ont souvent utilisé le blasphème comme instrument pour faire taire leurs adversaires. Mais dans l’évangile, il y a plus de blasphèmes à user de violence au nom de Dieu qu’à dire des propos déplacés à son égard.

Si l’homme a été créé à l’image de Dieu, le seul blasphème est de vouloir gommer la part divine qui est en chaque humain, à commencer par les plus petits d’entre nos frères.

Pour terminer, une illustration biblique

Dans l’évangile, un homme paralysé est conduit aux pieds de Jésus. Celui-ci lui annonce que ses péchés sont pardonnés. Les religieux présents réagissent et se disent entre eux : « Cet homme dit des blasphèmes. Qui peut pardonner sinon Dieu seul ? »

Le récit oppose la religion du blasphème à l’évangile du pardon. La première conduit à la mort quand le second ouvre à la vie.

Production : Fondation Bersier
Texte : Antoine Nouis
Présentation : Gérard Rouzier

Cette vidéo est une rediffusion du 14 février 2019.