02.05.2021 : Jean 15.1-8 – La vigne et les sarments

La vigne et les sarments

Introduction

Une singularité de l’évangile de Jean se trouve dans la deuxième moitié du chapitre 13 et dans les chapitres 14, 15 et 16 qui se présentent comme un résumé de son enseignement. Sous la forme d’un testament spirituel, Jésus expose à ses disciples une récapitulation de son évangile. Au centre de ce résumé se trouve la première partie du chapitre 15 que nous méditerons aujourd’hui et dimanche prochain.

Points d’exégèse

Pur par la parole (v.3)

Après avoir utilisé l’image des sarments attachés à la vigne, Jésus déclare à ses disciples qu’ils sont purs à cause de la parole qu’il a dite. Ce qui fait la pureté, ce ne sont pas les bonnes actions ni les bonnes pensées, mais la bonne écoute. Le pur n’est pas celui qui se conduit impeccablement, mais qui ne triche pas avec la parole et qui ne cesse de la méditer.

David est considéré comme un grand roi alors qu’il a été adultère et meurtrier et qu’il a mal élevé ses fils. S’il est considéré comme une image du messie, c’est qu’il est toujours resté devant Dieu, dans ses bons et ses mauvais jours, comme en témoigne la tradition des Psaumes qui lui sont attribués.

La gloire de Dieu (v.8)

Le père est glorifié par les fruits portés par les disciples. Dans le vocabulaire biblique, le mot gloire évoque l’être le plus profond d’une personne. La gloire de Dieu, ce ne sont pas des anges qui jouent de la musique dans le ciel, ce sont des disciples qui portent du fruit sur la terre.

Dans l’épître aux Galates, Paul a dit que les fruits de l’amour, la joie, la paix, la bonté, la bienveillance, la foi et la douceur… chaque fois que ces fruits sont vécus, le Dieu du ciel et de la terre est glorifié.

Pistes d’actualisation

1er thème : La foi comme demeure

Souvent la foi est comprise en termes de croyance. A la foi celui qui croit que Jésus est la vérité. Cet évangile déplace un peu notre compréhension en définissant la foi en termes de demeure. A la foi celui qui demeure en Christ. L’essentiel n’est pas tant ce que je crois au fond de moi que ce que je vis.

Jésus dit Demeurez en moi, comme moi en vous ; le mouvement est réciproque : aller au Christ et l’accueillir, la foi est à la fois un mouvement et une hospitalité.

2e thème : Hors de moi, vous ne pouvez rien faire

Des tas de choses sont faites hors du Christ. Cette phrase suggère que tout ce qui est fait et qui ne peut se rattacher au Christ, est vain. Pourtant nous faisons des tas de choses hors du Christ, et surtout nous voyons autour de nous des hommes et des femmes faire de belles choses hors du Christ.

Voilà comment je comprends cette expression. Jésus m’appelle à considérer que tout ce que je fais de bon et de beau – tout ce que je fais qui a de l’importance – est un fruit de mon attachement au Christ. De même que Paul a dit : Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? Et si tu l’as reçu, pourquoi fais-tu le fier, comme si tu ne l’avais pas reçu ? Je dois me considérer comme un simple sarment et si je porte quelques fruits, ils ne sont que le produit de la sève qui vient de la vigne.

3e thème : L’exaucement de la prière

Si vous demeurez en moi… demandez tout ce que vous voudrez, et cela vous arrivera. La promesse de l’exaucement de toutes les prières se retrouve régulièrement dans les évangiles et elle se heurte à notre expérience : nous avons tous traversé l’épreuve de prières justes qui n’ont pas été exaucées. Comment sortir de cette contradiction entre la promesse de l’évangile et notre expérience humaine. Trois pistes :

  • Je n’ai pas encore la foi. Si ma prière n’est pas exaucée, c’est que me demeure en Christ n’est pas entière. Il me faut la travailler.
  • Je suis porté par l’espérance de ce verset. Un jour ma prière sera totalement en Christ. Je peux continuer le combat de la foi, car je sais qu’un jour ma communion sera parfaite et ma prière entendue.
  • Je suis appelé à la persévérance et à ne pas me décourager dans ma prière et mon habitation spirituelle. Continuer à prier et entendre la parole redoutable de Jésus en conclusion de la parabole de la veuve et du juge : « Quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » (Lc 18.8)

Une illustration

L’Église est ici comparée à une vigne. Les sages qui ont médité cette image ont relevé les analogies suivantes :

La vigne est plus basse que les autres arbres ; elle est pourtant plus élevée que ceux-ci par la qualité de son produit.

La vigne porte des grandes et des petites grappes, mais les grandes pendent toujours plus bas que les petites.

Tout n’est pourtant pas parfait dans la vigne : elle produit aussi bien du jus acide que du vin.

Elle est foulée aux pieds pour donner son jus, mais son produit est présent à la table des rois.

Pour aller plus loin :
Le théologien Antoine Nouis reçoit Florence Taubmann, pasteure, pour commenter le texte biblique de Jean 15, 1-8 : https://campusprotestant.com/video/vraie-vigne/

Production : Fondation Bersier
Intervenant : Antoine Nouis