Un secret sacré, disait Bernard de Clairvaux, qui aurait pu devenir l’élément central du christianisme. Mais qui a eu une autre histoire. Pouvez-vous nous raconter cet épisode du lavement des pieds dans l’Evangile de Jean ?
Le lavement des pieds, c’est un épisode qui se situe dans l’évangile de Jean à une jointure, puisqu’ on est à la fin de ce qu’on appelle le livret des signes qui est la première partie de l’Évangile de Jean et au tout début du livret de la gloire ou de la passion, donc, qui mène à la croix et ensuite à la résurrection. Donc on est dans un épisode tout à fait charnière où Jésus va faire un geste à la fois qui désarçonne ses disciples, en particulier Pierre, et qui a une signification profonde et peut-être une signification que nous n’avons pas fini d’épuiser. Puisque cet épisode du lavement des pieds va être commenté, interprété, réinterprété dans l’histoire du christianisme.
Dans l’Evangile de Jean on nous montre Jésus, lavant les pieds de ses disciples, le Jeudi saint. C’est une ancienne tradition, il me semble, dans la culture orientale de laver les pieds de ses invités.
Alors c’est une très vieille tradition, on la trouve par exemple dans le récit d’Abraham qui accueille ses visiteurs et qui demande aux serviteurs de leur laver les pieds. C’est quelque chose qui est traditionnel dans l’hospitalité du Proche-Orient ancien, c’est quelque chose de de normal. Les gens marchaient, avaient des sandales, mais les routes étaient sales. Dans les villes, elles étaient sales non seulement de la poussière de la terre qu’il y avait, mais de tout ce que laissaient les animaux qui passaient. Avoir la possibilité d’avoir les pieds lavés était quelque chose d’à la fois important et traditionnel. C’était une marque tout simplement de l’hospitalité courante.
Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Entretien mené par : David Gonzalez
Réalisation : Horizontal pictures
Intervenant : Jacques Nussbaumer