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00:07 Lecture de Luc 2, 22-40
02:57 Introduction
03:22 Points d’exégèse
05:50 Actualisation
08:57 Illustration
27 décembre 2020 : Luc 2.22-40 – Présentation de Jésus
La présentation de Jésus au temple de Jérusalem
Introduction
Les premiers hommes qui se sont inclinés devant Jésus sont les bergers. Les suivants sont Syméon que la tradition reconnaît comme un vieillard et Anne, une veuve. Des bergers, un vieillard, une veuve… l’évangile est reconnu par les petits.
Les premiers versets de l’évangile de Luc se passent dans le temple de Jérusalem lorsque Zacharie assume ses fonctions de prêtre et la première chose qui est dite de Jésus après sa naissance et qu’il a été présenté au temple. Jésus s’émancipera de la religion du temple, mais il est né dedans, il est totalement incarné dans une tradition. Ce passage fonde la déclaration de la Samaritaine dans le quatrième évangile : « Le salut vient des juifs. » (Jn 4.22)
Points d’exégèse
Attention sur deux points.
La consécration des premiers-nés
Les parents de Jésus accomplissent le rite de consécration des premiers-nés prescrit par la Torah dans les livres de l’Exode, du Lévitique et des Nombres.
Cette coutume s’inscrit dans les lois plus générales des prémices qui consistent à offrir à Dieu la première part de ses récoltes, de ses troupeaux, de ses enfants. Offrir à Dieu la part est le signe que nous reconnaissons que tout ce que nous possédons vient de lui. Consacrer son premier-né est une façon d’inscrire l’ensemble de sa famille sous le regard de Dieu.
Un juste appelé Syméon
Syméon est le nom du deuxième fils de Jacob, il signifie = Dieu a entendu ou Dieu a écouté. Parce Syméon était un homme d’écoute, l’Esprit saint était sur lui. Ce qui qualifie la foi, ce n’est pas tant la certitude que l’écoute comme l’a dit Paul dans l’épître aux Romains : « La foi vient de ce qu’on entend » (Rm 10.17). Certes pour écouter, il faut croire qu’il y a quelque chose à entendre, mais il faut aussi reconnaître qu’on ne sait pas tout, qu’on a encore beaucoup à apprendre.
Syméon n’était pas juste et pieux parce qu’il savait tout, mais parce qu’il n’a pas cessé d’écouter. Du coup, quand il a vu le bébé Jésus dans les bras de ses parents, il ne s’est pas trompé : il a su.
Pistes d’actualisation
1er thème : De l’avent à Noël
Le v.25 dit de Syméon qu’il attendait la consolation d’Israël : parce qu’il attendait, il a vu. Dans la même veine, le v.38 dit qu’Anne parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la rédemption de Jérusalem.
Le thème de l’attente est celui de l’avent. Dans ce verset, l’attente s’accomplit… dans un bébé âgé de quelques semaines accompagné par de parents pauvres puisqu’ils ne peuvent offrir qu’une paire de tourterelles et deux colombes pour racheter leur enfant.
L’Évangile de Noël et que nous attendions Dieu dans la gloire et dans la grandeur et il vient au-devant de nous dans la fragilité d’un enfant. Nous n’avons jamais fini de méditer le paradoxe de cette annonce.
2e thème : Le particulier et l’universel
Le second personnage qui a accueilli le bébé est une veuve dont le texte dit qu’elle avait quatre-vingt-quatre ans. Une des interprétations est que quatre-vingt-quatre est le produit de douze pas sept. Douze est le nombre d’Israël et sept représente l’ensemble des nations. Notre récit se situe à l’articulation du singulier – le temple de Jérusalem – et de l’universel lorsque Syméon dit dans sa prophétie que Jésus est le salut « que tu as préparé devant tous les peuples, lumière pour la révélation aux nations » (2.31-32)
Dans le Nouveau Testament, le thème de l’ouverture à toutes les nations est le grand thème du ministère de Paul qui a été l’immense théologien qui a pensé cet élargissement.
À L’origine, l’évangile de Luc et les Actes des Apôtres formaient un seul livre, comme une grande fresque qui commence dans le temple de Jérusalem et qui se termine à Rome.
3e thème : Jésus un signe de contestation
Après avoir annoncé que Jésus porterait le salut de Dieu devant pour les peuples, Syméon évoque le mode opératoire : Il sera comme un signe qui provoquera la contradiction et Marie sera transpercée par une épée.
Parce que Syméon était juste et pieux, il savait que le monde ne recevrait pas l’enfant. Comme le dit le prologue de l’évangile de Jean que nous avons médité le jour de Noël : « La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres n’ont pas pu la saisir » (Jn 1.5). Ce refus de recevoir la lumière préfigure la croix qui sera une épée dans le cœur de Marie. L’évangile de l’enfance s’inscrit déjà dans le tragique.
Ce thème nous interroge aujourd’hui : l’Évangile est-il encore un signe de contestation, et de quoi ? S’il ne l’est plus, est-ce par ce que notre monde est totalement chrétien ou parce que nous n’avons édulcoré le scandale de l’évangile ? La réponse est dans la question.
Une illustration
Syméon était juste et pieux et Anne avait quatre-vingt-quatre ans et participait à la vie du temple par des jeûnes et des prières. Parce qu’ils étaient en Dieu, imprégnés de Dieu, ils ont reconnu dans le bébé Jésus le sauveur du monde.
Syméon et Anne n’ont pas eu besoin de la visite particulière d’un ange, ils ont su dès qu’ils ont vu. Une foi accomplie ne repose pas sur des signes spectaculaires, c’est un travail sur soi qui voir le monde et les gens comme Dieu les voient.
Dans un de ses livres, Christiane Singer raconte : « Certaines rencontres sont inoubliables – ce vieil homme dans un train qui, lorsque j’avais quinze ans peut-être, me mit sur le gril en me racontant qui j’étais, avec une exactitude presque insoutenable ″Comment savez-vous tout cela ?″ lui demandai-je en torturant les franges de mon châle. Et lui avec un sourire amène : ″Mais, mademoiselle ! Vous voyez bien que je suis vieux !″ »
Pour aller plus loin :
Les pasteurs Antoine Nouis et Amos-Raphaël Ngoua Mouri commentent le texte biblique de Luc 2, 22-40 :
Production : Fondation Bersier
Intervenant : Antoine Nouis