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00:07 Lecture de Jean 1, 1-18
03:04 Introduction
03:37 Points d’exégèse
05:36 Actualisation
08:58 Illustration

25 décembre 2020 : Jean 1.1-18 – Jour de Noël

Le prologue de l’évangile de Jean

Introduction

Le quatrième évangile ne parle pas de la naissance de Jésus, il commence avec le prologue qui essaye de penser le sens de Noël dans un autre registre que celui de la narration.

Quand dans l’évangile de Luc, l’ange dit à Marie que l’Esprit la couvrira de son ombre et que l’enfant qui naîtra sera saint, l’évangile de Jean dit que la parole a été faite chair et qu’elle a fait sa demeure parmi nous.

Chaque verset de ce prologue mériterait une prédication. Nous nous contenterons d’ouvrir quelques pistes.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Au commencement était la parole (v.1)

Au commencement était la parole. Il renvoie au premier verset de la Bible (Au commencement Dieu créa le ciel et la terre). Les commentaires disent que la première chose que Dieu a créée est le temps, donc le commencement se situe avant le temps, il est en deçà du temps. Il faut donc entendre cette expression au sens de fondement. On pourrait traduire : Au principe était la parole.

Le mot parole (logos) est un concept philosophique qui évoque à la fois la parole et la raison. Il va bien au-delà de la parole comme moyen de communication pour évoquer la Parole en ce qu’elle dit une vérité essentielle sur celui qui parle.

Ce verset évoque donc ce qui est au fondement de toute chose et de notre personne.

La parole est devenue chair (v.14)

Le mot chair, dans la pensée biblique, évoque la fragilité (la Genèse dit que l’homme n’est que chair pour évoquer sa faiblesse). L’expression faire sa demeure signifie littéralement habiter sous une tente, symbole de précarité. Dire que le logos est devenu chair et qu’il a fait sa demeure parmi nous revient à dire que le principe fondateur, créateur du ciel et de la terre, a quitté le domaine éternel pour entrer dans une fragilité soumise aux limites du temps et de l’espace.

Nous avons vu sa gloire. La gloire de Dieu, c’est son être en profondeur. La gloire de Dieu est qu’il est venu habiter la fragilité de notre humanité.

Ce verset est une bonne façon de comprendre le message de Noël.

Pistes d’actualisation‑

1er thème : Commencement et création

Le v.3 dit que tout est venu à l’existence par la parole. Dans le premier chapitre de la Bible, Dieu crée effectivement par la parole (Gn 1 : 10 fois Dieu dit).

L’épître aux Hébreux dit : Par la foi, nous comprenons que les mondes ont été formés par une parole de Dieu (Hé 11.3). Autrement dit, croire que Dieu est à l’origine de toute chose est une parole de foi.

Le message de Noël, c’est que le Dieu qui est à l’origine de toutes choses est aussi le Dieu qui est venu jusqu’à nous. Avoir la foi, c’est croire que le Dieu créateur du ciel et de la terre est le même que celui qui s’adresse à moi par la Parole. Il ne s’agit pas de dire : « Qu’il est grand ce Dieu qui est à l’origine du ciel et de la terre », mais « Comme il est étonnant de penser que le Dieu qui est au commencement de tout est en même temps le Dieu qui est venu jusqu’à moi. »

En psychologie, la parole est au commencement de tout ; elle structure l’humain et ses relations à l’autre et aux autres, car elle distingue, différencie, sépare, nomme et relie. Cette parole qui nous structure est celle de l’Évangile.

2e thème : L’évangile et la vie

Le v.4 dit : En elle (la parole) était la vie et la vie était la lumière des humains.

L’Évangile dont parle Jean est un évangile de vie. Toute parole qui n’est pas porteuse de vie n’est pas une parole d’Évangile.

Un des versets les plus importants du Premier Testament est celui qui dit : Tu choisiras la vie. Ce matin l’évangile nous appelle à choisir la vie en écoutant la parole, vivre la parole, habiter la parole.

L’Évangile nous appelle à mettre de la vie dans nos journées, dans notre travail, dans nos paroles, dans nos relations.

3e thème : La loi et la grâce

Le v.17 dit : La loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ.

La question de l’articulation entre la loi et la grâce est une des bases de la théologie chrétienne. La Loi fut donnée par Moïse et quelques siècles plus tard, la grâce et la vérité sont venues en Jésus Christ. La grâce et la vérité ne se substituent pas à la Loi, elles sont un au-delà de la Loi. La Loi est une étape qui doit être dépassée. Dans l’épître aux Galates, Paul a écrit : Ainsi la loi a été notre surveillant (pour nous conduire) jusqu’au Christ, pour que nous soyons justifiés en vertu de la foi. La foi étant venue, nous ne sommes plus soumis à un surveillant (Ga 3.24-25). Le surveillant, ou précepteur est celui qui conduit l’enfant à un maître.

La loi est fondamentale pour que la vie en société soit possible, mais le message de Noël nous invite à la grâce en injectant de l’amour et de la liberté dans la loi.

Une illustration

Personne n’a jamais vu Dieu, dit le dernier verset de notre passage. Il ajoute que le fils est celui qui l’a annoncé. Autrement dit, on ne peut rien savoir sur Dieu en dehors de ce que le fils dit de lui. En dehors du Christ, notre discours sur Dieu tourne dans le vide. Comme le dit C.S. Lewis la moitié de nos grands problèmes théologiques et métaphysiques ressemble à des questions absurdes du type : Combien y a-t-il d’heures dans un kilomètre ? Le jaune est-il carré ou rond ?

Plutôt que de nous poser de grandes questions sur l’être de Dieu, l’évangile nous invite à regarder le Christ. Comme le disait Luther à sa femme : « Un autre prend soin de moi, mieux que toi et tous les anges, il est couché dans la crèche et pendu au sein d’une vierge tout en étant assis en même temps à la droite de Dieu, le Père tout-puissant ».

Production : Fondation Bersier
Intervenant : Antoine Nouis