L’évangile de Luc du 23 mars (Luc 13. 1-9)

Dans le passage de l’évangile de Luc chapitre 13, versets 1 à 9, Jésus déconstruit la conception commune de la justice divine qui lie souffrance et péché. Ce passage débute par un récit choquant où des Galiléens, massacrés par les soldats de Pilate alors qu’ils offraient des sacrifices, voient leur souffrance interprétée comme une punition pour leurs péchés. Jésus réagit en rejetant cette idée, affirmant que ces victimes n’étaient pas plus coupables que les autres. Il souligne que, sans un changement radical, tous risquent de périr de la même manière. Ce même raisonnement est appliqué à un autre événement tragique où la tour de Siloé s’effondre et tue 18 personnes. Là encore, Jésus refuse de relier ces morts à un péché particulier, soulignant que la souffrance n’est pas une preuve directe de culpabilité.

Le passage se poursuit par la parabole du figuier stérile, qui illustre la patience et la miséricorde de Dieu. Un propriétaire d’un figuier, après trois ans de recherche sans fruit, envisage de couper l’arbre, mais son vigneron plaide pour lui accorder encore un an, en espérant qu’il portera du fruit. Cette parabole fait écho à la situation spirituelle d’Israël, où le manque de fruits spirituels est un signe de stérilité. Mais Jésus ne se positionne pas comme un juge prêt à couper, mais plutôt comme celui qui prend soin et cultive.

Le message central de ce passage est une invitation à la conversion. Jésus rejette l’idée que la souffrance serait toujours liée à un châtiment, et appelle ses disciples à se concentrer sur leur propre transformation intérieure. Plutôt que de chercher à comprendre la souffrance des autres, il les pousse à se questionner sur leur propre foi et leur capacité à changer. Le changement radical, au cœur de l’enseignement de Jésus, est une invitation à vivre selon les principes de l’Évangile, avec un regard tourné vers la miséricorde et la patience de Dieu.

Le texte de la première lettre aux Corinthiens du 23 mars (1 Corinthiens 10.1-12)

 Les leçons de l’Exode 

Le contexte – La première épître aux Corinthiens  

Après avoir passé dix-huit mois à Corinthe, Paul a laissé derrière lui une Église jeune et dynamique pour qui il a une affection particulière. Il reçoit des nouvelles inquiétantes de la communauté qui est traversée par des dérives et des divisions. Il essaye d’y répondre à travers ses épîtres. 

Dans le passage qui est proposé à notre méditation, Paul s’appuie sur les récits de l’Exode pour alerter les Corinthiens. Le récit de la libération devient fondateur pour savoir comment se comporter. 

Que dit le texte ? – Les leçons de l’histoire 

Paul commence par faire le lien entre les sacrements et l’exode. La traversée de la mer de Joncs est assimilée au baptême et le don de la manne et l’eau qui est sortie du rocher sont des préfigurations du dernier repas de Jésus. De même que les Hébreux ont été libérés à l’aide de signes et de prodiges, les chrétiens ont tout reçu à travers les signes du baptême et de l’eucharistie.

Les miracles n’ont pas empêché les Hébreux d’être idolâtres, dépravés et râleurs. Les commentaires ont remarqué que la génération qui a vu les signes les plus marquants est aussi la génération qui est tombée dans l’idolâtrie la plus déshonorante. Ils ont conclu que ce ne sont pas les miracles qui changent le cœur de l’humain, mais une imprégnation régulière de la parole de Dieu. Le passage de ce dimanche parle de la parole visible des sacrements. Sans être farouchement sacramentel, nous devons rechercher tous les moyens pour intégrer l’Évangile. C’est pourquoi les Corinthiens sont invités à une vigilance de tous les jours pour vivre selon l’Évangile.

Paul termine la séquence par une parole d’encouragement : Dieu ne permettra pas que vous soyez mis à l’épreuve au-delà de vos forces. Il veille sur nous et sur notre chemin.

Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – La logique de Dieu 

Les Corinthiens pouvaient penser que la dynamique de leur Église était la marque de la justesse de leur théologie. Le récit des Galiléens massacrés par Pilate répond à cette conviction. Ceux qui ont été touchés par le malheur ne sont pas ceux qui se sont mal comportés, de même que ceux à qui tout réussit ne sont pas forcément ceux qui sont les plus vertueux. Notre comportement ne doit pas se calquer sur la réussite, mais sur la parole de l’Évangile.

Nous pouvons être impatients de voir les méchants punis et les justes récompensés, mais l’histoire du figuier stérile nous rappelle que nous sommes dans un temps traversé par le mal, que le temps de Dieu n’est pas le nôtre et que nous ne devons jamais nous lasser de vivre et de faire rayonner l’Évangile en nous et autour de nous. C’est aujourd’hui le temps de Dieu et celui de notre fidélité. 

Le texte de la Genèse du 23 mars (Exode 3.1-15)

La vocation de Moïse 

Le contexte – Le livre de l’Exode  

Le livre de l’Exode raconte l’histoire de Moïse qui est l’homme de la Bible dont la vie est la mieux connue. Il a été le libérateur qui a conduit les Hébreux sur les chemins de la liberté, l’intercesseur qui a défendu les Israélites devant Dieu, le prophète qui a reçu la Torah et qui l’a transmise aux Israélites, et le chef qui a organisé le peuple en le dotant d’institutions avec l’établissement de juges, de prêtres et d’anciens.

Le texte de ce dimanche évoque la façon dont Dieu a appelé Moïse alors qu’il était un simple berger qui conduisait son troupeau.

Que dit le texte ? – L’appel de Moïse 

Ce texte est un des plus riches théologiquement du Premier Testament. Nous retiendrons trois points.

Moïse conduit son troupeau lorsqu’il observe un buisson qui brûle sans se consumer. Comme il est curieux, il se déplace pour aller voir. Parce qu’il s’est déplacé, Dieu l’a appelé. Les sages en ont conclu que la première qualité spirituelle est la curiosité, accepter de voir ce qu’on ne connaît pas, d’apprendre ce qui nous surprend.

Le Seigneur ajoute : « Voici quel sera pour toi le signe que c’est moi qui t’envoie : quand tu auras fait sortir d’Égypte le peuple, vous servirez Dieu sur cette montagne » (Ex 3.12). La liberté religieuse est la matrice de toutes les libertés. Servir Dieu, c’est reconnaître que mon identité n’appartient pas au tyran, mais à l’intimité de ma spiritualité. 

Quand Moïse demande à Dieu au nom de qui il doit aller voir Pharaon, ce dernier donne une réponse qui n’en est pas une : Je suis qui je suis, ou je serai qui je serai. Dieu ne se laisse pas enfermer dans une nomination, il se laisse découvrir dans une histoire : c’est en étant libéré que le peuple comprendra qu’il est libérateur. 

Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – La logique de Dieu 

L’évangile de cette semaine présente deux récits : deux exemples sur l’origine du mal avec le massacre des Galiléens et l’effondrement de la tour de Siloé, puis la parabole du figuier stérile.

Les deux récits de l’évangile décalent notre réflexion par rapport à notre relation au mal.

Le premier est une réponse à la logique rétributive selon laquelle les épreuves que nous traversons sont les conséquences de mauvaises actions. Jésus répond en nous demandant de changer de comportement, de vivre, selon la vie de Moïse la libération. Au pourquoi des humains, l’Évangile répond pour quoi : pour que nous changions et que nous vivions la libération. La première libération est l’abandon de la logique archaïque de la rétribution. La foi est une parole de libération, pas de culpabilisation.

Le second texte évoque la patience de Dieu : son temps n’est pas celui de nos impatiences. Le début du livre de l’Exode l’oppression des Hébreux avec la mise à mort des garçons, et la réponse de Dieu avec la libération a lieu 80 ans plus tard puisque selon la tradition, c’est l’âge de Moïse au moment de sa vocation (Ac 7.23,30). Dieu est juste mais sa justice se déploie dans son temps qui est différent du nôtre, ce qui nous invite à considérer les évolutions selon le temps long. En attendant le jugement, nous sommes dans le temps de sa patience pour nous donner le temps de changer et de réparer.  

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Intervenants : Antoine Nouis, Christine Pedotti