L’évangile du dimanche 28 avril

02.05.2021 : Jean 15.1-8 – La vigne et les sarments

La vigne et les sarments

Introduction

Une singularité de l’évangile de Jean se trouve dans la deuxième moitié du chapitre 13 et dans les chapitres 14, 15 et 16 qui se présentent comme un résumé de son enseignement. Sous la forme d’un testament spirituel, Jésus expose à ses disciples une récapitulation de son évangile. Au centre de ce résumé se trouve la première partie du chapitre 15 que nous méditerons aujourd’hui et dimanche prochain.

Points d’exégèse

Pur par la parole (v.3)

Après avoir utilisé l’image des sarments attachés à la vigne, Jésus déclare à ses disciples qu’ils sont purs à cause de la parole qu’il a dite. Ce qui fait la pureté, ce ne sont pas les bonnes actions ni les bonnes pensées, mais la bonne écoute. Le pur n’est pas celui qui se conduit impeccablement, mais qui ne triche pas avec la parole et qui ne cesse de la méditer.

David est considéré comme un grand roi alors qu’il a été adultère et meurtrier et qu’il a mal élevé ses fils. S’il est considéré comme une image du messie, c’est qu’il est toujours resté devant Dieu, dans ses bons et ses mauvais jours, comme en témoigne la tradition des Psaumes qui lui sont attribués.

La gloire de Dieu (v.8)

Le père est glorifié par les fruits portés par les disciples. Dans le vocabulaire biblique, le mot gloire évoque l’être le plus profond d’une personne. La gloire de Dieu, ce ne sont pas des anges qui jouent de la musique dans le ciel, ce sont des disciples qui portent du fruit sur la terre.

Dans l’épître aux Galates, Paul a dit que les fruits de l’amour, la joie, la paix, la bonté, la bienveillance, la foi et la douceur… chaque fois que ces fruits sont vécus, le Dieu du ciel et de la terre est glorifié.

Pistes d’actualisation

1er thème : La foi comme demeure

Souvent la foi est comprise en termes de croyance. A la foi celui qui croit que Jésus est la vérité. Cet évangile déplace un peu notre compréhension en définissant la foi en termes de demeure. A la foi celui qui demeure en Christ. L’essentiel n’est pas tant ce que je crois au fond de moi que ce que je vis.

Jésus dit Demeurez en moi, comme moi en vous ; le mouvement est réciproque : aller au Christ et l’accueillir, la foi est à la fois un mouvement et une hospitalité.

2e thème : Hors de moi, vous ne pouvez rien faire

Des tas de choses sont faites hors du Christ. Cette phrase suggère que tout ce qui est fait et qui ne peut se rattacher au Christ, est vain. Pourtant nous faisons des tas de choses hors du Christ, et surtout nous voyons autour de nous des hommes et des femmes faire de belles choses hors du Christ.

Voilà comment je comprends cette expression. Jésus m’appelle à considérer que tout ce que je fais de bon et de beau – tout ce que je fais qui a de l’importance – est un fruit de mon attachement au Christ. De même que Paul a dit : Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? Et si tu l’as reçu, pourquoi fais-tu le fier, comme si tu ne l’avais pas reçu ? Je dois me considérer comme un simple sarment et si je porte quelques fruits, ils ne sont que le produit de la sève qui vient de la vigne.

3e thème : L’exaucement de la prière

Si vous demeurez en moi… demandez tout ce que vous voudrez, et cela vous arrivera. La promesse de l’exaucement de toutes les prières se retrouve régulièrement dans les évangiles et elle se heurte à notre expérience : nous avons tous traversé l’épreuve de prières justes qui n’ont pas été exaucées. Comment sortir de cette contradiction entre la promesse de l’évangile et notre expérience humaine. Trois pistes :

  • Je n’ai pas encore la foi. Si ma prière n’est pas exaucée, c’est que me demeure en Christ n’est pas entière. Il me faut la travailler.
  • Je suis porté par l’espérance de ce verset. Un jour ma prière sera totalement en Christ. Je peux continuer le combat de la foi, car je sais qu’un jour ma communion sera parfaite et ma prière entendue.
  • Je suis appelé à la persévérance et à ne pas me décourager dans ma prière et mon habitation spirituelle. Continuer à prier et entendre la parole redoutable de Jésus en conclusion de la parabole de la veuve et du juge : « Quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » (Lc 18.8)

Une illustration

L’Église est ici comparée à une vigne. Les sages qui ont médité cette image ont relevé les analogies suivantes :

La vigne est plus basse que les autres arbres ; elle est pourtant plus élevée que ceux-ci par la qualité de son produit.

La vigne porte des grandes et des petites grappes, mais les grandes pendent toujours plus bas que les petites.

Tout n’est pourtant pas parfait dans la vigne : elle produit aussi bien du jus acide que du vin.

Elle est foulée aux pieds pour donner son jus, mais son produit est présent à la table des rois.

L’épître du dimanche 28 avril

1 Jn 3.18-24 – En vérité devant Dieu 

La grâce de la vérité 

Le contexte – La première épître de Jean

La première épître de Jean s’inscrit dans la tradition johannique qui souligne l’importance de demeurer en Christ. La foi n’est pas tant une question de croyance que d’habitation. 

L’Église s’oppose à ceux qui disent que le salut s’acquiert par une connaissance à l’issue d’une initiation, l’auteur de l’épître souligne que la foi est un attachement à la personne du Christ et qu’elle se révèle par l’amour vécu et partagé.

Que dit le texte ? – Les troubles de la conscience 

Le centre de notre passage dit que si notre cœur nous condamne, Dieu est plus grand que notre cœur. Dans l’anthropologie biblique, le cœur est le lieu de la conscience et de la décision. 

Après avoir dit que celui qui se prétend sans péché est un menteur et avoir appelé le fidèle à demeurer en Christ, nous nous trouvons dans une impasse : nous savons que nous ne vivons pas à la hauteur de ce qui nous est demandé. 

Plutôt que d’être condamné à la culpabilisation, le texte dit que Dieu est plus grand que notre cœur, ce qui est une façon de dire que son amour et son pardon englobent nos manquements.

En étant en vérité devant Dieu, c’est-à-dire avoir entendu les exigences de l’évangile – avoir reconnu que nous ne le vivons pas – avoir reçu que Dieu est plus grand que notre cœur : correspond au parcours liturgique : péché – loi – pardon. À la sortie, nous sommes dans une juste relation et une promesse est assortie à cet état : Quoi que nous demandions, nous le recevons de lui. Il ne faut pas entendre cette promesse au premier degré, mais comme l’assurance que notre communion avec Dieu féconde nos désirs et nos prières. Un peu plus loin l’auteur rectifie une interprétation trop matérielle de cette promesse en précisant : L’assurance que nous avons auprès de lui, c’est que, si nous demandons quoi que ce soit selon sa volonté, il nous entend (1 Jn 5.14).

Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – Demeurer en Christ 

Toutes les promesses de l’épître : être de la vérité – avoir un cœur apaisé devant lui – la promesse de la prière – la demeure en Dieu… sont des conséquences de notre attachement au Christ.

Si notre vie spirituelle est difficile, notre prière laborieuse et notre amour endormi, nous sommes appelés à nous rattacher au cep pour recevoir la sève de son Esprit. Sinon, nous serons des sarments qui se dessèchent et qui ne sont plus bons qu’à être jetés au feu. 

Les textes de ce dimanche décrivent les dangers d’une foi qui est gagnée par l’habitude et la recette pour retrouver en nous la vie de l’Esprit qui est la promesse d’une communion nouvelle.

Le livre des Actes du dimanche 28 avril

Ac 9.26-31 – Paul à Jérusalem 

Le difficile accueil de la nouveauté

Le contexte – La conversion de Paul

Le livre des Actes des Apôtres raconte la conversion de Paul à trois reprises. Le fait lui-même, lorsque Paul défend son ministère devant la foule de Jérusalem et lorsqu’il témoigne de sa foi devant le roi Agrippa. 

Si Luc, l’auteur des Actes, répète le même événement à trois reprises, c’est qu’il est pour lui un des faits majeurs de la vie de la première Église. 

Lorsqu’après sa conversion, Paul va à Jérusalem pour se présenter devant l’Église, dans un premier temps il suscite la méfiance, les chrétiens de Jérusalem suspectant une ruse de l’ancien persécuteur pour les dévoiler. Il leur faudra du temps pour accueillir pleinement Paul comme un des leurs. 

Que dit le texte ? – La difficulté de l’accueil

Notre passage souligne une difficulté qui a accueillir la nouveauté.

Le Christ avait laissé aux apôtres la mission d’être témoins de son Évangile à Jérusalem, dans toute la Judée et en Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre, mais quand des nouvelles personnes arrivent dans l’Église, elle multiplie les mesures de prudence. Il faudra le témoignage de Barnabé et du temps pour que Paul soit accueilli.

Cela étant Paul ne se sentira jamais totalement à l’aise dans l’Église de Jérusalem. Dans l’épître aux Romains, il demandera à ses interlocuteurs qu’ils prient afin que la collecte qu’il a organisée pour les pauvres de Jérusalem soit bien acceptée et lorsqu’il retournera dans la ville, on lui imposera une purification humiliante (Ac 21.23-24). 

Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – Être attaché au Christ 

L’Église est une communauté de frères et de sœurs dans la foi, mais l’Église est aussi une institution et le propre de toute institution est de se bureaucratiser en favorisant son propre fonctionnement, ses habitudes, au détriment des intuitions qui la fondent.

Une façon de lutter contre cette dérive est de rester attaché à la personne du Christ et de le considérer comme premier par rapport au fonctionnement de l’Église, d’être un sarment attaché à la vigne pour reprendre l’image du quatrième évangile.

En restant attaché au Christ, la vraie question à poser est celle de savoir ce que l’Esprit dit et apporte à l’Église de notre temps afin d’être capable d’accueillir la nouveauté et de porter des fruits d’Évangile.

Le retour aux sources est le meilleur antidote contre l’institutionnalisation qui menace toutes les Églises.

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Intervenants : Antoine Nouis, Florence Taubmann