11.04.2021 : Jean 20.19-31 – La Pentecôte et la foi de Thomas

La Pentecôte et la foi de Thomas

Introduction

Nous sommes le premier dimanche après Pâques. Marie-Madeleine a annoncé aux apôtres que le tombeau est vide et que Jésus est vivant, mais ces derniers restent enfermés chez eux par crainte des religieux. C’est dans leur enfermement qu’ils reçoivent la visite du ressuscité qui va les envoyer proclamer la parole du pardon.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Confession de foi de Thomas

Thomas n’était pas avec les autres apôtres lorsque Jésus les a rencontrés. Il a opposé une incrédulité farouche à la vue du Seigneur. Lorsqu’il a été rencontré à son tour il a prononcé une belle confession de foi : Mon Seigneur et mon Dieu !

Si je devais définir la foi chrétienne en quelques mots, je dirais : Jésus est mon Seigneur et mon Dieu. La foi repose sur une appropriation personnelle, il ne s’agit pas de dire qui est Jésus en général, mais qui il est pour moi !

Béatitude de Thomas

Jésus répond à la confession de foi de Thomas par une béatitude : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! » Jésus sait qu’une foi qui repose sur une seule expérience spirituelle est fragile. C’est ce que nous avons vu dans le verset qui dit que Jésus se méfiait de ceux qui mettent leur foi en lui à cause des signes qu’il posait[1].

Une foi solide ne repose pas sur le souvenir d’une expérience, mais sur un travail quotidien pour laisser l’Évangile façonner son cœur.

Pistes d’actualisation

1er thème : Le ressuscité est le crucifié

Jésus rencontre les disciples qui étaient enfermés en passant à travers les portes, mais il se présente à eux en leur présentant la marque des blessures de la croix. Le ressuscité est à la fois le même et pas le même. Il a un corps spirituel et il porte les cicatrices de son humanité.

Cette tension nous invite à ne pas rester accrochés à la matérialité de la résurrection pour nous laisser rejoindre par la parole de la résurrection sur nos propres blessures.

2e thème : La Pentecôte du quatrième évangile

Dans le quatrième évangile, l’envoi de l’Esprit aux disciples n’a pas lieu cinquante jours après la résurrection comme dans les Actes des Apôtres, mais le jour même de la résurrection.

La Bible comporte deux récits de Pentecôte, le jour de la résurrection et cinquante jours plus tard. Lequel est vrai ? Les deux. L’esprit est à la fois l’aboutissement de la résurrection et le commencement de l’histoire de l’Église.

On dit que l’Esprit souffle où il veut. Il souffle aussi quand il veut.

3e thème : La mission du pardon

Lorsque Jésus souffle son Esprit sur ses disciples, il accompagne son don d’une mission : « À qui vous pardonnerez les péchés, ceux-ci sont pardonnés ; à qui vous les retiendrez, ils sont retenus. » Ce verset donne comme mission première à l’Église de porter le pardon des péchés.

Le pardon est nécessaire à la vie, car il n’y a pas d’avenir si on n’apprend pas à se pardonner les uns les autres. Le pardon est porteur de vie.

Le pasteur Tommy Fallot a vécu au début du vingtième siècle. Méditant sur le pardon dans son ministère il a écrit : « Le pardon, ce n’est rien au début de la carrière : Dieu pardonne ! Cela va tout seul. Mais lorsque nous sommes entrés dans le grand drame intérieur, nous comprenons que le pardon est la chose colossale, ce par quoi nous subsistons. » Quand Jésus envoie ses disciples pour proclamer le pardon, il leur donne une mission colossale !

Une illustration

Après avoir déclaré heureux ceux qui ont cru et qui n’ont pas vu, le dernier verset de notre passage dit que les faits et gestes de Jésus sont écrits pour que nous croyions qu’il est le Christ. C’est par la méditation des Écritures que nous sommes appelés à la foi. C’est pourquoi la Bible a pris une telle place dans l’histoire de l’Église.

Karl Barth a écrit : « Toutes les fois que l’Église a été sérieusement éprouvée au cours de l’histoire, c’est parce qu’elle était trop peu soumise à la parole de l’Écriture. En revanche, toutes les fois qu’elle a été vraiment forte, consciente de sa mission et sans peur dans le monde, toutes les fois qu’elle a su produire des héros ou des saints, apporter consolation, susciter l’espérance et s’imposer ainsi au respect des hommes, c’est parce qu’elle a osé avoir l’humble courage de se soumettre entièrement à l’Écriture, au lieu de la considérer comme un simple à côté. »

[1] Jn 2.23-24.

Pour aller plus loin :
Le théologien Antoine Nouis reçoit Christine Pedotti, écrivain, journaliste et directrice de la rédaction de Témoignage chrétien, pour commenter le texte biblique de Jean 20, 19-31 : https://regardsprotestants.com/video/bible-theologie/evangile-du-dimanche/thomas-le-doute-et-la-foi/

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Intervenant : Antoine Nouis