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00:07 Lecture de Marc 1, 1-8
01:18 Introduction
02:04 Points d’exégèse
04:38 Actualisation
08:18 Illustration
6 décembre 2020 : Mc 1.1-8 – 2e dimanche de l’avent
Introduction
2e dimanche de l’avent, premiers versets de l’évangile de Marc.
Chaque évangile a un commencement différent. Matthieu décline la généalogie de Jésus, Luc explique les raisons de son entreprise, Jean fait une déclaration théologique sur l’incarnation, Marc annonce un évangile, une bonne nouvelle qui est celle de Jésus-Christ, Fils de Dieu. Chaque mot de ce verset mérite une prédication.
Points d’exégèse
Attention sur deux points.
Commencement de la bonne nouvelle de Jésus :
Le premier mot est le même que celui qui ouvre le Premier Testament : Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. Le mot commencement est temporel : ce qui est au début, mais aussi théologique : ce qui est au principe. Le principe de ce que Marc veut nous transmettre est que le message de Jésus Christ est un évangile, une bonne nouvelle.
Lorsque le message de l’Église n’est pas une bonne nouvelle, ce n’est plus l’évangile de Jésus-Christ.
Ponctuation citation Ésaïe :
Le verset 3 cite le livre d’Ésaïe à propos du Baptiseur : C’est celui qui crie dans le désert : « Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. » Le passage du livre d’Ésaïe propose une ponctuation différente : « Quelqu’un crie : Dans le désert, frayez le chemin du Seigneur ! Aplanissez une route pour notre Dieu dans la plaine aride ! » (Es 40.3). Il n’y a pas de ponctuation en hébreu comme en grec, mais le rythme de la phrase plaide pour la ponctuation d’Ésaïe. Le baptiseur ne crie pas dans le désert (le verset suivant dit avec un peu d’emphase : Toute la Judée et tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui), il dit que c’est dans le désert que se prépare le chemin du Seigneur. Cette ouverture a une valeur programmatique : l’Évangile appelle les habitants au désert, il les appelle au changement de comportement.
Pistes d’actualisation
1er thème : La référence à l’exil
La citation d’Ésaïe est l’introduction de la seconde partie du livre qui évoque le retour d’exil. Dans l’histoire du Premier Testament, l’exil a été un temps d’épreuve, mais aussi un temps de reconfiguration spirituelle et théologique puisqu’Israël a été conduit à trouver les chemins de la fidélité alors qu’il avait perdu sa terre et le temple où il célébrait les sacrifices. C’est dans la période de l’exil qu’ont été rédigés et rassemblés les principaux textes qui ont formé une ébauche de canon. Quand on n’a plus de temple pour retrouver Dieu, on se concentre sur le livre et l’étude. En inscrivant la prédication du baptiseur dans le registre de l’exil, l’évangile de Marc évoque son évangile comme un nouvel exil, une nouvelle reconstruction théologique et religieuse.
2e thème : Le changement de comportement.
Jean prêche un baptême de changement radical. Le changement radical, metanoia, signifie le changement (meta) de notre intelligence (noûs). Le mot noûs évoque plus que la faculté de comprendre, il signifie la mentalité, le siège de la volonté et de la réflexion, le lieu de la pensée et du sentiment. La metanoia correspond à un changement du logiciel dans notre façon de voir le monde. Le chemin de conversion est le long chemin qui conduit à voir et comprendre le monde, les gens et les choses, comme le Christ les voit et les comprend. Tous les jours nous avons besoin de reconfigurer notre logiciel en fonction de l’Évangile.
3e thème : Il vient derrière moi.
Si toute la Judée et tous les habitants de Jérusalem vont écouter le Baptiseur, ce dernier pourrait s’attacher ceux qui viennent se faire baptiser. Au lieu de cela, il renvoieà un autre, le Christ.
On pense au retable d’Issenheim où le Baptiseur désigne le crucifié avec un index disproportionné. Le vrai disciple est celui qui désigne par sa vie et ses paroles un autre que lui-même. La plus belle phrase du Baptiseur se trouve dans le quatrième évangile : Il faut que lui croisse et que, moi, je diminue (Jn 3.30).
Une illustration
À propos du changement de comportement, un commentaire rabbinique raconte qu’avant la création, Dieu, comme un bon architecte, a commencé par dessiner le plan du monde qu’il se proposait de créer afin de vérifier s’il était viable. Mais aucun des plans qu’il faisait ne tenait debout, tous les mondes qu’il dessinait s’écroulaient sur eux-mêmes. Au bout de vingt-six essais infructueux, Dieu a eu l’idée de créer le changement de comportement, et enfin le monde qu’il a dessiné ne s’est pas effondré. Selon cette interprétation, c’est le changement de comportement qui fait que le monde tient debout. Sans la repentance – qui est cette capacité de s’arrêter, de regarder le chemin parcouru, de s’apercevoir qu’on a fait fausse route, de faire demi-tour et de repartir – le monde explose.
Production : Fondation Bersier
Intervenant : Antoine Nouis