À l’approche de Pentecôte 2025, la pasteure protestante Christina Michelsen éclaire la portée de l’Esprit Saint dans l’Évangile de Jean, où une « Pentecôte anticipée » surprend dès le premier dimanche du temps de Pâques. Dans l’évangile de Jean au chapitre 20, Jésus ressuscité souffle sur ses disciples, leur offrant la paix et l’Esprit Saint, tout en les envoyant en mission pour pardonner les péchés. Ce geste, inattendu dans un climat de crainte post-crucifixion, lie intimement la paix, un concept ancré dans la tradition juive et la racine même de Jérusalem, au don de l’Esprit, qui confère une mission collective, loin du rôle individuel d’absolution traditionnellement attribué aux prêtres.
Christina Michelsen souligne que l’Esprit Saint, loin d’être le « parent pauvre » de la théologie chrétienne, est présent dès la Genèse, où le souffle de Dieu (ruah en hébreu) plane sur les eaux, symbolisant création et vie. Ce terme, féminin en hébreu, évoque vents, respiration et inspiration, mais échappe aux catégories de genre, comme dans le danois ou le grec. L’Esprit transcende ainsi les définitions humaines, agissant comme une force vitale qui relie les croyants à Dieu et entre eux.
Contrastant avec la tour de Babel, où la division des langues symbolise la rupture humaine, la Pentecôte des Actes (chapitre 2) réunit les peuples par la compréhension mutuelle, grâce à l’Esprit. Pour Christina Michelsen, cet Esprit convoque l’Église et anime l’œcuménisme, rendant la parole de Dieu vivante. Les credos, comme celui de Nicée (325) ou de Constantinople (381), affirment l’Esprit comme « Seigneur qui donne la vie », procédant du Père et du Fils, bien que son rôle ait été moins détaillé initialement, provoquant des débats historiques.
Martin Luther, dans son catéchisme, insiste sur l’Esprit comme lien essentiel avec Dieu, éveillant et vivifiant les croyants. Christina Michelsen appelle à redécouvrir cet Esprit dans le culte, où il ouvre les oreilles et transforme les relations, sans se laisser enfermer dans des discours réducteurs.
Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Remerciements : Christina Michelsen
Entretien mené par : David Gonzalez
Technique : Quentin Sondag