Sébastien Fath, chercheur au CNRS et sociologue, revient sur l’évolution du protestantisme à Paris du XVIe siècle à nos jours, telle qu’elle est détaillée dans l’ouvrage « Les religions des Parisiens ». Ce livre est le fruit de colloques organisés par le Comité d’histoire de Paris pour examiner les changements religieux significatifs dans la ville.
Historiquement, Paris est associé au catholicisme, symbolisé par des monuments comme la cathédrale de Notre-Dame de Paris. Cependant, le protestantisme, bien qu’initialement réprimé et marqué par des événements tels que l’exécution de Jean Vallière en 1523 et le massacre de la Saint-Barthélemy en 1572, a connu une résurgence. Malgré l’édit de Nantes de 1598, qui accordait une certaine liberté religieuse, les protestants étaient confrontés à de nombreuses restrictions et discriminations, et devaient pratiquer leur culte en dehors de la ville.
Le XIXe siècle a marqué un tournant, le protestantisme gagnant progressivement en visibilité et en acceptation. L’après Seconde Guerre mondiale a vu une augmentation significative du nombre d’églises protestantes, sous l’impulsion des missions évangéliques américaines et de l’afflux d’immigrants des Caraïbes et de l’Afrique subsaharienne, qui ont renforcé la communauté protestante en Île-de-France.
Aujourd’hui, Paris abrite une population protestante diversifiée et dynamique, avec plus de 500 lieux de culte actifs. Cette croissance est illustrée par des événements tels que la croisade de Billy Graham au Vélodrome d’Hiver en 1955, qui a marqué une nouvelle ère de visibilité et d’unité parmi les dénominations protestantes.
Le paysage religieux de la ville s’est transformé, devenant un incubateur d’innovations religieuses. Cette évolution remet en question les idées reçues selon lesquelles la vie urbaine entraîne un déclin de la religion. Paris accueille aujourd’hui une communauté protestante dynamique et multiculturelle, qui reflète des changements démographiques plus larges et la résurgence de l’engagement religieux dans la société moderne.
Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Remerciements : Sébastien Fath
Entretien mené par : David Gonzalez
Techniques : Quentin Sondag