Un lieu de mémoire et de transformations architecturales

Nous sommes à Saint-Germain l’Auxerrois, dans un square rebaptisé récemment Saint-Barthélemy, en référence au massacre de 1572. C’est d’ici que partit le signal de ce massacre. Le baron Haussmann, un protestant, a décidé de préserver cette église, un lieu de mémoire essentiel. De 1854 à 1870, sous le Second Empire, Haussmann transforme Paris de manière radicale. Il perce des avenues majestueuses, dont les célèbres 12 avenues de l’Étoile, réaménage le Bois de Boulogne, les Buttes Chaumont, le Parc Montsouris, et bien d’autres. En 15 ans, il métamorphose la capitale, propulsant Paris dans la modernité.

Descendant de protestants germaniques établis en Alsace au XVIIe siècle, Georges-Eugène Haussmann gravit rapidement les échelons de l’administration sous le Second Empire. À 21 ans, il devient secrétaire général de la préfecture de la Vienne, enchaînant ensuite divers postes avant de devenir préfet de Paris en 1853. Rencontrant Napoléon III, il obtient la charge du grand chantier de transformation de Paris, symbole de la France moderne et industrielle. Il conduit ce projet avec une détermination sans faille, malgré le coût exorbitant des travaux, estimé à deux milliards et demi de francs or.

Vision, controverses et héritage

Malgré ses succès, Haussmann fait face à de vives oppositions. Des figures comme Jules Ferry dénoncent la gabegie financière de ses projets, tandis que des écrivains comme Zola critiquent la spéculation et les expropriations. Cependant, le style haussmannien, avec ses grands boulevards et ses immeubles caractéristiques, marque durablement le visage de Paris et inspire de nombreuses villes à travers l’Europe. Il est décrit comme un homme de grande stature (1m90), omnipotent et ambitieux, embrassant pleinement son rôle de préfet, au point d’être surnommé « vice-empereur » par Adolphe Thiers. Sa vision de Paris, d’une ville aérée et moderne, est parfaitement alignée avec les ambitions de Napoléon III.

À partir de 1860, l’opposition au baron se renforce. La presse et des figures politiques critiquent l’ampleur et le coût des travaux. Malgré cela, les avancées d’Haussmann apportent un confort de vie amélioré, avec des appartements spacieux, de l’eau potable, et une meilleure isolation thermique. Georges-Eugène Haussmann reste une figure controversée, mais son impact sur Paris est indéniable. Il a su transformer une ville médiévale en une métropole moderne, tout en préservant des lieux de mémoire importants. Son héritage architectural continue de définir le charme et la poésie de Paris, malgré les critiques de son époque.