Une réponse tardive mais forte
Omero Marongiu-Perria, théologien musulman libéral, discute de son livre « En finir avec les idées fausses sur l’islam et les musulmans », qui vise à déconstruire 100 idées fausses couramment répandues. Il s’intéresse à la perception de l’islam dans les médias, souvent associée au terrorisme et aux branches radicalisées. Les institutions musulmanes, notamment dans les pays arabes, ont été lentes à condamner fermement les attentats terroristes, créant une ambiguïté dans leurs réponses initiales.
Cependant, depuis 2017, il y a eu des prises de position beaucoup plus claires et fortes. Des figures religieuses de premier plan, comme le grand imam des Lazars et le grand mufti d’Égypte, ont condamné fermement les actions de Daesh et d’autres groupes terroristes. Ils ont formé des comités théologiques internationaux pour affirmer que ces actes ne peuvent être justifiés par l’islam. Cette évolution est cruciale pour clarifier la position des musulmans contre le terrorisme.
Défis de visibilité et de communication
La perception publique de l’islam est souvent façonnée par la couverture médiatique, qui peut être sélective. Les condamnations des actes terroristes par les institutions musulmanes ne sont pas toujours relayées par les médias, donnant l’impression que les musulmans ne prennent pas suffisamment la parole. Il y a une tension entre la demande de discrétion des musulmans dans la société et l’exigence de visibilité publique pour condamner le terrorisme.
Les musulmans, en tant qu’individus, peuvent avoir du mal à naviguer entre ces attentes contradictoires. De plus, tout le monde n’est pas capable de s’exprimer publiquement de manière efficace, et les nuances de ces discussions peuvent être difficiles à communiquer clairement. Les institutions religieuses ont donc un rôle crucial à jouer pour articuler des réponses claires et accessibles.
Réformes internes et enjeux politiques
Omero Marongiu-Perria note que la réforme interne des institutions religieuses est en cours, bien que complexe. En Arabie Saoudite, par exemple, le prince héritier Mohamed Ben Salman a impulsé des changements significatifs, y compris la remise en cause du wahhabisme. Des figures religieuses saoudiennes ont publiquement admis les erreurs passées et condamné les idéologies violentes qu’elles avaient autrefois propagées.
En Égypte, le président Sissi pousse également pour des réformes à Al-Azhar, l’une des plus anciennes et respectées institutions d’enseignement islamique. Il souhaite moderniser l’enseignement pour répondre aux défis contemporains, bien que cela soit perçu avec suspicion comme une tentative de contrôle politique. Cette tension entre les réformes nécessaires et les contextes politiques non démocratiques complique les efforts pour adapter l’islam aux réalités modernes.
Conclusion : un esprit de réforme
En définitive, Omero Marongiu-Perria exprime un optimisme prudent quant à l’évolution de l’islam face aux défis contemporains. Les prises de position plus fermes contre le terrorisme et les efforts de réforme interne montrent une volonté de s’adapter et de répondre aux attentes de la société. Cependant, il reste des défis importants, notamment en matière de communication et de perception publique. Le chemin vers une compréhension mutuelle et une visibilité positive des musulmans est encore long, mais des progrès significatifs sont en cours.
Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Entretien mené par : Antoine Nouis
Réalisation : Horizontal pictures
Intervenant : Omero Marongiu-Perria