À un an des vingt ans de la mort d’André Dumas, ce dossier fait un pari : que pour sortir de ce dilemme, il peut être profitable de revisiter les gestes de l’éthicien protestant qui joua un rôle prépondérant dans les prises de position constructives des protestants sur la pilule, l’avortement ou les débats naissants de la bioéthique. Comme il le proposait au début des années 70, ne faut-il pas substituer à une alternative entre éthique normative et éthique de situation, une dialectique inventive entre elles ? (…)

Un obstacle pourrait être opposé à l’invitation à reprendre la route avec André Dumas : celui qui fut professeur à la Faculté de théologie protestante de Paris de 1961 à 1984 n’aurait pas de « système », pouvait entendre un de ses anciens étudiants sur les bancs de la faculté concurrente de Montpellier à la fin des années 1970. Ce qui était considéré comme un défaut à cette époque pouvait devenir une qualité vingt ans plus tard, au moment de son décès, quand les grands systèmes étaient définitivement devenus suspects. Aujourd’hui, nous pouvons trouver bien assez opérationnel ce que Fritz Lienhard qualifie de « méthode » chez Dumas et que nous aimerions présenter et défendre dans cet article. Dumas ne parle-t-il pas lui-même de « la méthode de Bonhoeffer », auteur qui inspira bien des routes, en premier lieu, la sienne ? Nous aimerions défendre le terme d’« empathique » pour qualifier l’éthique de Dumas. Vision d’un Dieu empathique – inspirée de Barth et Bonhoeffer – allant à la rencontre de son humanité dans ce qu’elle a de réel et concret. Démarche de rencontre avec les personnes dans ce qu’elles vivent et ressentent pour étayer la réflexion. Bible en tension avec cette réalité comme donnant à penser des repères analogiques de libération pour le présent. […]