Au sein du protestantisme, évangéliques et réformés ne manquent pas de compétences. Les réformés ont développé une intelligence théologique très poussée, fondée sur une analyse critique des Ecritures. De quoi donner le vertige à bon nombre d’évangéliques, qui y voient une remise en question des doctrines chrétiennes, néfaste pour la foi.

Pour leur part, les évangéliques, marqués par le pragmatisme anglo-saxon, ont acquis un sens pratique très prononcé de la vie d’Eglise. Ils parviennent à développer rapidement des communautés dynamiques. Ce don semble moins évident aux réformés, qui peinent à dépasser leur traditionalisme paroissial. Cet ancien modèle social contribue à les marginaliser dans nos sociétés organisées en réseaux délocalisés.

Savoir académique d’un côté, cultes modernes et foi émotionnelle de l’autre: tout porte à croire qu’en combinant soigneusement ces talents, on obtienne un protestantisme à la fois efficace et réfléchi. En réalité, rien n’est moins évident, car une part importante des convictions réformées et évangéliques ne sont pas compatibles. […]