L’écologie n’est pas dans les préoccupations d’origine de la Mission populaire évangélique : créée à la fin du xixe siècle pour rejoindre les milieux ouvriers, elle a d’abord déployé des actions sociales en direction des populations précarisées qui se sont présentées dans ces lieux qu’on appelle des Fraternités. Soutien scolaire pour les enfants, cours de français pour les étrangers, accueil des personnes à la rue, etc.

Une partie de ses actions traditionnelles est maintenant perçue comme écologique et cette dimension en a été accentuée. Les « vestiaires » ou « braderies » : des vêtements sont récupérés et distribués gratuitement ou vendus à petit prix. Les « soupes populaires », devenues avec le temps des « repas partagés » : dorénavant, les denrées utilisées sont souvent issues de récupération à la fin de marchés (foyer de Grenelle à Paris XVe ) ou des invendus des marchés de gros comme Rungis (Fraternité de la Belle de Mai à Marseille ou de la Maison ouverte à Montreuil). La Fraternité de Montbéliard s’est fait une spécialité de la confection de confitures et autres recettes maison à partir de fruits et légumes récupérés. Cette action permet des moments fraternels où l’on cuisine ensemble, mais participe aussi au financement du lieu.

L’ancien…

Avec la question écologique, les Fraternités ont redécouvert des actions écologiques et sociales dont les chrétiens sociaux avaient été les initiateurs au xixe siècle. La Maison verte à Paris XVIIIe a créé une coopérative alimentaire de produits bios et locaux. De nombreuses Fraternités participent au renouveau des jardins ouvriers devenus des jardins partagés : jardin des Dènes à Marseille, potager au foyer de Grenelle (Paris XVe ). Ces jardins deviennent souvent des lieux d’animations qui permettent à des personnes marginalisées de retrouver de la confiance en elles et de la convivialité. Au centre de la vie de leur quartier, les lieux de la Mission populaire ont accueilli naturellement les nouvelles initiatives éco-citoyennes qui ont fleuri ces dernières années.

… et le nouveau !

Plusieurs, en région parisienne, sont des lieux de livraison pour les particuliers abonnés aux Paniers Bios du Val-de-Loire, produits par un réseau de jardins d’insertion et de fermes familiales de la région de Blois. Des AMAP sont accueillies au foyer de Grenelle : ces associations pour le maintien de l’agriculture paysanne regroupent des consommateurs qui préachètent la production d’un paysan du coin, livrée de manière hebdomadaire, un lien de solidarité et de découverte se développant. Plusieurs Fraternités proposent aussi des Répar’cafés : tous les mois, des bénévoles aident les personnes à apprendre à réparer leurs objets cassés, pour éviter de les jeter et redécouvrir ce savoir-faire. Les Fraternités, fidèles à leur tradition de lieux de réflexion et d’engagement, accueillent aussi régulièrement des débats sur ces sujets ou les associations écologistes locales qui cherchent à se réunir.

Comme l’explique Florence ArnoldRichez, bénévole du foyer de Grenelle, à propos de leur jardin, ces actions contribuent « beaucoup à améliorer la qualité de notre accueil, à le rendre plus “confiant”, tout en mettant des accueillis en capacité de faire avec nous et nous avec eux, dans un lieu de vie où l’on peut mettre en acte la fraternité, inscrite dans notre ADN… ». L’écologie apparaît comme transversale au triptyque de l’action de la Mission populaire : politique, sociale et spirituelle.