Par Olivier Brès, président de la Mission populaire évangélique de France

Les soignants se sont donnés à fond pendant cette période de pandémie. Et le réflexe populaire – positif ! – a été de leur manifester de la reconnaissance, avec les applaudissements de 20 heures. Et le réflexe politique – un peu long à venir ! – a été de leur octroyer une prime. A leur don de répondre par un contre-don.
Les salariés et les bénévoles des Frats se sont donnés autant qu’ils le pouvaient dans cette période de pandémie. Les lettres de nouvelles de la Miss’ Pop partagées sur Internet en ont parlé. Et nous ne pouvons que leur manifester notre reconnaissance, célébrer leur engagement.
Mais ce que les soignants attendent, ce que les bénévoles et les salariés attendent, ce ne sont pas seulement des remerciements. Cela fait plaisir sans doute, cela renforce l’estime de soi et l’envie de continuer. Mais ce qui compte vraiment, c’est la transmission, la diffusion. Non pas tant d’être récompensé pour ce que l’on a fait que d’avoir provoqué un mouvement de solidarité qui se diffuse de proche en proche, qui modifie les comportements dans la durée, qui honore la circulation du soin plutôt que la mondialisation des flux financiers.

Un soutien concret

Cette circulation du don, de soi-même et de ce qui serait à soi, nous tentons aussi de la mettre en œuvre dans le réseau que constitue le mouvement de la Mission populaire.
Nous avons créé un fonds de solidarité de la MPEF et fait appel aux dons des amis et de fondations. Pas au bénéfice de l’institution nationale, mais pour pouvoir transmettre un appui aux Frats et à leurs actions. Et le comité national a décidé d’abonder ce fonds avec une partie des quelques réserves du mouvement, parce qu’il ne sert à rien de thésauriser si les Frats ne peuvent poursuivre leurs engagements.
Nous avons enfin suspendu pour cette année les contributions des Frats au mouvement, pour leur permettre de passer le cap de 2020, alors qu’elles vont perdre certaines de leurs ressources. Il s’agit bien de continuer ensemble à être des agents de la circulation du soin et de l’attention aux autres.

Recevoir sans mérite

Chaque personne, chaque association, n’est porteuse de vie qu’à la condition d’accepter de recevoir sans mérite et de donner sans retour. Nous existons d’abord parce que nous avons reçu, par ce qui nous a été donné. Nous n’avons pas à désirer de reconnaissance parce que nous aurions fait don de nous-même ou de nos ressources. Nous voulons seulement faire circuler la grâce de recevoir et de transmettre, et espérer que le mouvement se poursuivra.