Guy de Brès, originaire de Mons, est né en 1522 . Artisan verrier, il s’intéressa aux Écritures et à la diffusion des idées réformatrices. Inquiété pour s’être joint à des réunions interdites, il quitta Mons pour l’Angleterre où il reçut sa première formation. Il se rendit ensuite à Lille où il travailla à l’édification de l’Église de la Rose (surnom de la communauté lilloise). Il y consacrera quatre années. C’est pendant son séjour à Lille qu’il rédige son premier ouvrage : « Le bâton de la foi », un traité de catéchisme et un exposé de la foi réformée prenant le contre-pied de l’ouvrage de Nicolas Grenier : « Le bouclier de la foi » qui visait à convertir un hérétique.

Mais à Lille, l’opposition devient très forte et Guy de Brès s’enfuit. Il se rend à Lausanne où il suit les leçons de François Bérauld et de Théodore de Bèze. En 1559, il rentre au pays et s’établit à Tournai où il épouse Catherine Ramon. Alors commence pour lui un ministère itinérant, ranimant les foyers de la Réforme, créant de nouvelles communautés « évangéliques » qu’il groupa selon le système calviniste en consistoires, Synodes régionaux et nationaux. Il leur donna comme étendard la Confession de foi des Églises belges. Imprimée le 25mai 1561, cette confession fut acceptée au Synode d’Armentières le 26 avril 1563.

Guy de Brès va publier cette confession, ouvrage qui le fera connaître plus tard dans le monde entier. Pendant la nuit du 1er novembre 1561, il jeta quelques exemplaires de la Confession de foi au-dessus des remparts du château du gouverneur du Hainaut à Tournai pour que cet écrit parvienne au roi, selon l’usage du temps. Le paquet contenait une lettre par laquelle des habitants de Tournai se plaignaient des persécutions religieuses. Le lendemain, les commissaires écrivent à Marguerite de Parme sœur de Philippe II : « Madame, ce jourd’hui à l’ouverture de la porte de ce château a été trouvé, jeté en dedans… un paquet clos et cacheté, contenant leur confession qu’ils disaient plus de la moitié de cette ville, nous présenter d’un commun accord, ainsi que plus de cent mille hommes afin que nous sachions la pureté de leur doctrine ».

Dès qu’ils surent qu’on était sur sa piste, les amis du pasteur, en son absence, portèrent tous ses livres et papiers au jardin pour y mettre le feu, mais la fumée attira l’attention des commissaires qui accoururent et purent encore saisir deux cent cinquante exemplaires de la confession de foi, des livres de Luther et de Calvin, et toute sa correspondance. La gouvernante donna ordre de brûler tout ce qu’on avait trouvé. Guy de Brès se trouvait alors à Valenciennes.

Une traque continue

Pendant ce séjour à Amiens, le Réformateur, sous différents déguisements, se rendit à Bruxelles pour conférer avec Guillaume d’Orange dans le but de maintenir la concorde entre luthériens et calvinistes. Guy de Brès séjourna à Sedan vers 1563- 66. Il était protégé par le duc de Bouillon, prince protestant. C’est là qu’il composa son ouvrage : « La Racine, source et fondement des Anabaptistes». Il était convaincu que même si les autorités pourchassent et malmènent les réformés ceux-ci ont le devoir de faire entendre leur voix. Ils doivent le faire pour que les soupçons malsains et les accusations qui planent sur eux soient levés. Fugitif, il aurait pu rester à l’abri de la répression, donner ses ordres de loin, s’enfermer dans une citadelle. Ce ne fut pas le cas. Il décida de revenir moins de quatre mois après son exécution en effigie à Tournai.

Il laissa sa femme et ses cinq enfants à Sedan et revint dans nos provinces où il continuera son œuvre de pasteur itinérant visitant même des détenus. Il fut traqué, recherché, arrêté, relâché, puis finalement condamné et exécuté. En juin 1566, il se trouvait aux Pays-Bas puis à Anvers, suppléant François du Jon, envoyé à un Synode. Il répondit alors à l’appel des Valenciennois et bien que les menaces sur sa vie soient réelles, il n’hésitera pas avec Pérégrin de la Grange et Jean Crespin, alors dans la ville, à y venir, à prêcher, et à célébrer la cène. Il présida des cultes en plein air devant une population gagnée au protestantisme. Une délégation de neuf pasteurs se rendit à Bruxelles auprès de Marguerite de Parme pour demander l’usage de quelques églises catholiques en hiver. La réponse fut ambiguë : « … les prêches seraient autorisés là où ils avaient déjà eu lieu ». Alors, au retour de la délégation la population déçue de Valenciennes se rua sur les édifices religieux, les dépouillant de tout ce qui leur rappelait l’ancien culte.

Une résistance active

Les pasteurs blâmèrent ces violences, mais le flot déchaîné ne pouvait plus être endigué. Le mouvement iconoclaste eut lieu à Valenciennes fin août. Dans l’église Saint-Jean et celle du Béguinage, les pasteurs Guy de Brès et Pérégrin de la Grange prêchèrent devant un auditoire enthousiaste. Mais Guy de Brès trouvait que la violence iconoclaste desservirait la cause réformée. Dès le 26 août de cette année 1566, les protestants qui composent la grande majorité de la population refusent de sortir de la ville pour assister aux prêches ; ils prennent possession des églises de Saint-Jean et du béguinage. Le consistoire demande alors deux églises en plus de celles de Saint-Géry et de Saint-Vaast. Le gouverneur du Hainaut, Noircarmes, souhaite que Pérégrin de la Grange soit expulsé.

Le consistoire s’y refuse et obtient l’autorisation de bâtir des temples. Marguerite de Parme s’obstine à refuser la célébration de la cène, ce qui provoque des rassemblements sur la Grand-Place. Les événements s’enveniment, Noircarmes rassemble ses troupes et demande à la ville d’accepter la présence de ses soldats. Consistoire et autorités locales refusent.

La répression commence alors, Noircarmes assiège Valenciennes. La population résistera plusieurs mois dans ses remparts. Quand la famine se fera sentir. La reddition eut lieu fin mars 1567. Quelques jours avant, Guy de Brès et trois autres protestants descendirent des remparts, s’échappèrent en barque sur l’Escaut, mais ils furent arrêtés à Rumegies. Conduits au château de Tournai, ils furent transférés au bout de quinze jours à Valenciennes et le 16 avril, jetés dans la prison du Brunain, condamnés à mort et pendus le 31 mai 1567. Guy de Brès cria avant de mourir: « Soyez soumis au Magistrat, mais fidèles à la vérité ».

Le soir ses amis vinrent prendre son corps et lui donner sépulture au cimetière du Mont d’Anzin. Devant ses juges et enquêteurs, il réaffirmera qu’il est nécessaire de rester fidèle et de vivre en conformité avec sa conscience. La semence répandue par Pierre Brully et Guy de Brès, continua de croître, bientôt de nombreuses Églises réformées vont se créer un peu partout dans la région.