Pour

Il est urgent de changer notre relation à la création car le changement climatique met en péril la vie. Qui n’a pas constaté que des phénomènes violents, sécheresses, inondations, tempêtes, se succèdent inexorablement ? Qui n’est pas encore convaincu que la montée des eaux fera des millions de sans-abris ? La terre n’est pas corvéable à merci, ni objet de soumission. Oui, il est aujourd’hui vital de considérer la création comme un cadeau précieux mais fragile, cadeau reçu en partage et fatigué par la surexploitation humaine. La terre n’est pas qu’une planète. Elle est vivante, et nous commençons à entendre ses gémissements.

Ne rien faire, c’est faire comme l’autruche devant un danger, se cacher la tête dans le sable, refuser de voir, refuser d’agir. Or, habiter autrement la création est possible, c’est un acte de courage.

Il faut consentir à revoir les modes de production, d’exploitation et de consommation. Vous le comprenez, sauvegarder la terre est un problème fondamentalement politique, économique, et personnel. Et c’est là que le bât blesse : car je peux réduire mon train de vie, acheter des produits locaux, cultiver mon potager et préférer les transports moins polluants (train et vélo). Mais qui l’autre que moi est partant ? Quel gouvernement accepterait de couler le système de productivité économique qui le tient debout ?

Qui est prêt aujourd’hui à renoncer à quoi que ce soit ? C’est notre image de bonheur et de liberté qu’il faut repenser en profondeur. Bien sûr, je suis libre, mais j’ai aussi la responsabilité de protéger la création que Dieu nous a confiée.

Contre

Pourquoi faudrait-il habiter la terre « autrement »… Sinon quoi, nous serons punis ? On ne sort pas de la spirale du bien et du mal. Le bâton de la culpabilisation n’est jamais loin avec sa copine la morale. Après le péché originel expliquant que notre désobéissance était à l’origine de notre expulsion du jardin d’Éden, voilà que maintenant on nous dit que le moindre de nos gestes engage le reste du monde… Jouer sur la culpabilité et la peur fait décidément partie de notre histoire humaine. Après nous avoir fait miroiter un gros gâteau, on nous dit que finalement nous n’aurons pas possibilité d’y goûter, parce que d’autres en ont déjà bien profité. Ce climat persiste à nourrir d’odieuses paroles et des mesures totalitaires contre l’humanité.

Et cette arrogance à faire comme si l’avenir de la terre entière ne dépendait que de nous. Il y a toujours eu des changements climatiques et jusqu’à présent l’humain s’est adapté grâce à son inventivité.

Ces injonctions au changement ne sont pas forcément interrogées en profondeur ni comprises de la même manière par les uns et les autres et se limitent souvent à un « faire » et non à un « être ». Il s’agit de réaliser que le monde qui vient sera différent de celui dans lequel nous avons grandi et évolué. C’est le monde qui devient autre… Et nous devrons faire avec, abandonnant la prétention de croire que nous pouvons tout gérer.

« Tout doit devenir vert » est une véritable injonction qui frise la tyrannie. Qu’en est-il en Église et dans notre rapport à Dieu ? Allons bon, si même la foi doit devenir écologique !