Descendant d’une famille aisée, Juan Pérez de Pineda est né en 1500 à Montila (Cordoba). Nos connaissances le concernant sont incertaines. Nous savons néanmoins qu’il était docteur en théologie sans connaître le nom de l’Université où il a fait ses études. Haut fonctionnaire de l’Empereur Carlos V, il travaillait en fait sous l’ordre de Rome, ville où il fit la connaissance de Juan de Valdès (humaniste, partisan d’Érasme et écrivain protestant). Il intervint devant le Pape pour pouvoir diffuser les oeuvres d’Érasme en Espagne.  

Direction

En 1550, il travaille à Séville comme Recteur du Collège de la Doctrine de Séville, « un des centres du luthéranisme de la région » selon M. Menéndez Pelayo (écrivain philologue, critique littéraire et historiciste des idées espagnoles). À cette époque, la ville comptait une importante communauté protestante. Quelques-uns des principaux théologiens étaient sympathisants ou s’identifiaient à la pensée luthérienne. Parmi eux, figure Juan Gil (théologien protestant, inculpé et condamné à mort par l’inquisition), plus connu sous le nom de Docteur Egidio, et Constantino Ponce de la Fuente (connu sous le nom de Doctor Constantino). Dans la ville résidaient aussi les moines hiéronymites du Monastère de San Isidore del Campo où se développait un des premiers centres de réformistes en Espagne. À l’abri de ses murs, les moines lisaient et traduisaient les livres interdits par l’inquisition.

Publication

Ressentant probablement la pression contre les réformistes, il déménagea à Genève entre 1550 et 1555. C’est dans la ville de Calvin que Pérez commence à publier en castillan les oeuvres de J. de  Valdés sur les épîtres de Saint Paul et commence la traduction des psaumes de l’hébreu en espagnol. Traducteur du nouveau testament, il utilisa pour ce faire, non pas le texte en grec mais le texte de Francisco de Enzinas (un humaniste et protestant espagnol, premier homme à traduire le nouveau testament du grec, sa langue maternelle, au castillan) avec les modifications du texte français qui circulait à l’époque à Genève à ce moment-là. La version révisée de Pérez est considérée comme la meilleure des anciennes versions du Nouveau Testament. Afin d’éviter l’Inquisition, cette oeuvre fut imprimée non pas à Venise mais dans l’imprimerie de Jean Crespin en 1556. Les psaumes sont publiés l’année suivante. M. Menéndez Pelayo commente : « La traduction est belle comme langue, il n’y a pas de meilleurs psaumes en langue castillane » (Cf. C. Gutierrez Marin, Historia de la Reforma en España , page. 33).

Doctrine

Une autre oeuvre importante de Pérez de Pineda est le « Bref Traité de doctrine » qui paraît en 1560, ne se limitant pas à la traduction de l’oeuvre latine de Urbano Regio de 1526, mais en l’adaptant avec des agrégations d’avertissements aux lecteurs chrétiens. Enfin, nous pouvons mentionner « L’Epistre Consolatoire » publiée à Genève. Menendez Pelayo dit le plus grand bien de ce texte « notamment pour la douceur de ses sentiments et le paisible calme de son style » (cf. Historia de los hétérodoxes españoles, p. 631). Cette épître est destinée aux protestants sévillans qui souffraient de la dureté de l’inquisition afin de leur donner de l’espoir et de consoler leurs souffrances. Pendant le temps qu’il vécut à Genève, Juan Pérez était prédicateur des espagnols protestants qui étaient là comme réfugiés. Il était aussi chapelain de la duchesse Renata de Ferrara, fille de Louis XII, dans le château français de Montargis.

Passionné de la Parole

Pérez de Pineda est mort à Paris en l’année 1567. Dans son testament, il a légué tous ses biens pour l’impression d’une bible espagnole. Dans la mémoire de l’histoire du protestantisme espagnol, il restera comme un personnage passionné de la parole de Dieu.

Daniel Vergara Munoz, pasteur à l’Église Unie d’Espagne de Sabinanigo.