Le 1er septembre 2019, l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine a engagé son premier chargé de mission pour la justice climatique.. C’est la première fois qu’en France, un pasteur est chargé, à plein temps, des questions d’environnement et de climat pour une Église. Jean-Sébastien Ingrand, qui a accepté ce poste, est convaincu que l’UEPAL ne demeurera pas longtemps seule dans cette dynamique. 

Cette mission consiste à promouvoir une écologie prenant en compte la dimension spirituelle qui fait l’essence de la foi chrétienne. Car il ne s’agit pas, en Église, de vouloir faire comme les autres. Les questions écologiques sont souvent techniques et les solutions proposées peuvent être très matérielles. En matière d’écologie, la spécificité des chrétiens est d’être témoins de la présence de l’Esprit du Dieu vivant en ce monde. Par exemple, la notion d’écospiritualité, qui est recherche de sens, s’avère particulièrement pertinente.

« Il ne s’agit pas simplement d’ajouter une couche spirituelle à l’engagement écologique ou de verdir un cheminement spirituel, mais de comprendre qu’écologie et spiritualité forment un tout. Elles sont indissociables, parce que nous sommes avec la Terre dans une communion d’être, de vie et de destin1 . »

Le nom du poste comporte le terme de « justice » car les questions climatiques actuelles et futures sont le résultat de l’injustice avec laquelle nous traitons collectivement notre planète depuis trop longtemps. Il s’agit d’apprendre un nouveau mode de relation à la planète Terre car notre cupidité et notre voracité sont en train d’en détruire les conditions d’habitabilité. Il est fondamental de penser, en même temps, les questions de justice climatique et celles de justice sociale. D’autant plus que le dérèglement climatique et les inégalités sociales vont provoquer, à court terme, de très grands mouvements migratoires. Ce n’est pas un hasard si les problèmes climatiques que nous commençons à vivre surviennent dans une société mondialisée où la répartition des richesses n’a jamais été si problématique.

En tant que chrétiens, nous sommes appelés à une prise de conscience, à suivre un chemin de conversion (terme spécifiquement chrétien qui peut parler à tout être humain aujourd’hui) et à promouvoir une approche spirituelle de l’écologie. Les mouvements écologiques sont parfois en quête de sens quant à leur militance. Ils attendent les chrétiens dans cet espace militant. Il s’agit pour les chrétiens de donner l’exemple de quelque chose qui surprend, qui décale, qui est profondément lié au sens (la présence de l’Esprit du Dieu vivant en ce monde) sans prosélytisme. Selon l’adage de Bernard Charbonneau et Jacques Ellul, « penser global et agir local », l’intention est d’être présent sur le terrain local en étant porteur d’un sens à la fois spécifique et universel (l’Esprit). Une présence qui n’oublie pas la prière et peut prendre la forme de temps liturgiques, offerts à tous. C’est un appel à être inventifs, localement, avec respect et responsabilité.

Il est primordial d’accompagner cette parole de façon concrète avec des formations sur le thème de la foi et de l’écologie pour nous permettre, en particulier, face à l’enlaidissement du monde, de retrouver notre capacité d’émerveillement des beautés de la nature.

1 M. Egger, Écospiritualité. Réenchanter notre relation à la nature, Saint-Julien-en-Genevois, Éditions Jouvence, 2018, p. 12.