Dès la Réforme, Martin Luther pratique la catéchèse par l’image. Les positions contradictoires et conflictuelles alors développées sur ce thème dénotent la puissance accordée au déploiement de la Parole dans le monde de l’imaginaire, des émotions et des médiations. Il en va de même à notre époque où l’image reine est partie prenante de la culture. S’appuyer sur l’art contemporain pour la catéchèse me semble permettre d’insister auprès des jeunes sur la dimension existentielle des textes bibliques. Le décryptage et la relecture critique des œuvres en vis-à-vis avec des textes de l’Évangile retient plus longuement l’attention des jeunes et stimule leur réflexion. Comme l’œuvre est l’expression de la pensée profonde de l’artiste, elle est un témoignage de son rapport au monde et au spirituel. Comme « la flamme d’une chandelle » (G. Bachelard), l’image peut éveiller chez les jeunes la puissance de l’imaginaire et du rêve.

Un cheminement peut s’initier de l’image au texte. Ainsi, par exemple, regarder des photos de Street art avec des jeunes, peut les plonger dans le monde réel : ces images sont généralement situées dans des quartiers pauvres, aux murs lépreux, et dans leur culture faite de BD et de rap. Leurs regards peuvent ainsi s’ouvrir à d’autres dimensions, au-delà. Les images contemporaines ne cherchent pas la « beauté » mais la vérité. Une quête en partage avec les jeunes souvent en souffrance par rapport à leur image. En ce sens, les œuvres d’art contemporaines sont à mes yeux un support particulièrement adapté à la transmission du message évangélique.