La Fraternité de Trappes accueille des personnes de différentes nationalités, langues, et religions. Ce brassage de cultures, d’idées, de points de vue est essentiel, en particulier pour les femmes, qui souvent sortent peu et trouvent à la Miss Pop un lieu ouvert, un lieu d’écoute, d’accueil et de paroles. Dans cet espace ouvert, où l’on est pas épié par la voisine, on peut exprimer une idée différente, confronter son point de vue avec celui d’une bénévole dont la parole ouvre parfois un champ des « possibles » infini.

« Ici on peut parler de tout » nous dit l’une des femmes des ateliers de français… Et ce jour là, on explique à une jeune maman de Libye comment mettre un suppositoire à son fils de 5 ans : « Je ne peux pas demander ça au docteur, j’ai honte, ici je peux »

Dans l’après-midi, un atelier « santé » animé par une association partenaire va permettre de présenter aux femmes les différents moyens de contraception qui existent… Certaines sont très ignorantes bien que déjà mères… Elles sont heureuses de découvrir, de connaître et posent de nombreuses questions, sans tabou, ni honte aucune…

Tant de questions

Les séances ASL (ateliers socio-linguistiques) du mardi après-midi sont réservées aux femmes (les autres séances étant mixtes) et ces séances, dites de « convivialité » ont justement pour objectif de permettre aux femmes de parler, de poser des questions, de s’exprimer en toute liberté. Elles sont souvent demandeuses et posent des questions sur tous les sujets : « Andrée, parles-nous de la religion, comment on fait dans une Église, il faut enlever ses chaussures ? » – « C’était qui les rois de France ? » – « Mon mari, il a le droit de prendre ma carte d’identité ? »

Pour certaines femmes, victimes de violences conjugales, la Frat est aussi le lieu où, certes on les accompagne dans leurs démarches de divorce si c’est ce qu’elles souhaitent mais le lieu aussi où elles peuvent pleurer, en toute liberté, exprimer leur souffrance, leur peur, leur ras-le-bol, un lieu où l’on s’épanche… « Je ne peux en parler à personne, ma famille n’est pas en France et je n’ai pas d’amies, avec vous je peux parler… »

Le seul endroit

Enfin, sur le plan des convictions religieuses, la Frat est aussi, pour les femmes, un lieu de liberté… La pression sociale, culturelle ou religieuse est parfois forte à Trappes et certaines femmes ne se sentent pas complètement libres de leurs choix. A la Frat, elles ont la possibilité d’exprimer cette « tension » qu’elles vivent, pour certaines, au quotidien et de s’approprier cet espace de liberté qui leur est offert.

Les femmes que nous accueillons sont souvent fragilisées par leur situation de vie et le contexte dans lequel elles évoluent (manque de maîtrise du français ou de l’écrit, précarité, pression sociale, etc.). Il est essentiel que la Frat leur offre un espace de liberté, un lieu ouvert et accueillant, dans lequel la parole est libre et qui aide à se remettre debout, à se remettre en route. La Frat est aussi, pour certaines femmes, le seul endroit où elles vont pouvoir rencontrer des personnes qui n’ont ni la même religion, ni le même mode de vie, ni la même langue, c’est donc pour elles, l’unique occasion de s’ouvrir à l’altérité. Nous sommes heureux d’ouvrir pour ces femmes quelques portes, un petit pas vers la liberté, l’égalité et la fraternité…