«L’essentiel, c’est ce qui nous fait vivre.» Mais entre l’essentiel «élémentaire, ou basique» (santé, alimentation, travail, relations…) qu’il est rien moins qu’évident d’assurer et qui, comme l’ont montré les confinements, «ne suffit pas» … et le «non-essentiel» qui ne l’est pas tant que ça, comment éviter les deux nihilismes contraires que sont d’un côté la résignation, de l’autre le chaos ?

Je suis théologien. Je vis cela comme une vocation, dans l’Église et avec elle. Vocation de rendre compte de la foi chrétienne, de la capacité de la foi chrétienne à renouveler les Églises et ainsi à les faire vivre leur communion entre elles ; de sa capacité également à être une voix dans la société humaine – une voix pertinente, cohérente, compétente, et ainsi crédible face aux défis considérables auxquels l’humanité est confrontée.

L’Église chrétienne et en elle la théologie chrétienne ont vocation à regarder ces défis en face au nom de la foi en Dieu comme Créateur et Rédempteur de toutes choses, et donc à signifier, tant par l’action que par la parole, que ce Dieu est la puissance victorieuse sur toutes les formes de mal.

Vous pensez à quels défis?

Il y a bien évidement les défis liés à la toujours non-pleine communion entre les Églises chrétiennes.

Et de manière plus générale, il y a

– les défis civilisationnels, du fait de la catastrophe écologique et climatique – une catastrophe qui concerne toute la terre habitée, toute l’oikouménè –; elle est due à notre système économique, productiviste et consumériste, avec son idolatrisation de l’argent, véritable dieu prédateur de notre terre;

– les défis sociétaux, du fait de l’injustice entre les puissants et les impuissants : c’est le défi de la justice sociale ; mais il y a aussi le défi de la compréhension même que nous avons de l’être humain et tel qu’il apparaît dans le transhumanisme, cette idéologie technicienne de l’amélioration de l’espèce humaine, de l’homme augmenté;

– les défis humains, du fait de la perdition personnelle d’êtres humains, à cause d’un malheur qui nous frappe, ou à cause d’une faute dont nous sommes l’auteur, ou encore à cause d’une addiction dont nous sommes devenus victimes.

Ces défis posent la question de la responsabilité, de la justice, de la solidarité, mais aussi la question du sens de la vie, la question du pardon, de la  […]