Ils ne sont que 2 100 membres répartis dans 31 églises locales dans l’Hexagone, selon l’Association des églises évangéliques mennonites de France.

Il n’existe pas de séparation entre la vie quotidienne et l’Église chez les mennonites, selon le sociologue mennonite Frédéric de Coninck. « C’est toute la vie qui est traversée par un appel et chacun est chrétien 24  heures sur 24 où qu’il soit. Dans ce cadre, l’église est un lieu de soutien, d’encouragement et d’enseignement. La communauté fait une médiation entre l’individu et la société. C’est dans celle-ci que l’on apprend à endosser de nouveaux rôles, à vivre le pardon, l’amour de l’ennemi, etc. », explique le sociologue. Cet esprit de communauté est sans doute à l’origine des vocations dans le domaine social. « Beaucoup de mennonites ont un métier de service  : dans le milieu médical ou médicosocial, dans le travail social, dans l’enseignement, etc., détaille Frédéric de Coninck.

C’est cohérent avec la conviction que vivre l’amour du prochain au jour le jour fait partie intégrante de la foi. On a parfois qualifié la foi mennonite de “monastère sans les murs” ». « On est invité à faire ce que l’on dit et à veiller les uns sur les autres », explique Damaris Hege, secrétaire régionale de la FEP Grand Est, qui a vécu toute son enfance et son adolescence dans une communauté mennonite. L’une des plus grandes associations membres de la FEP est d’ailleurs mennonite. L’Aede accompagne des adultes en situation de handicap mental, psychique ou de polyhandicap dans 27 établissements et services en Île-de-France et en Alsace.

Des actions au niveau local

Dans les communautés comme à Illkirch-Graffenstaden, une ville alsacienne, des actions sociales sont organisées, destinées à tous. Ainsi, la communauté participe, avec les églises catholique et protestante, au soutien d’une épicerie sociale. Et tous les mercredis après-midi, l’église mennonite organise un moment convivial ouvert à tous ceux qui ont besoin de lien social. Donner un témoignage commun avec les églises catholique, évangélique et protestante fait aussi partie du travail de la communauté alsacienne. Avec la Ville, elle a participé en février dernier à un événement baptisé « Bouge IllkirchGraffenstaden ».

« Nous avons organisé ensemble des actions citoyennes autour de travaux paysagers, de chants dans les maisons de retraite et de trocs solidaires, avec des temps de ressourcement spirituel. La semaine s’est terminée par une célébration commune et un repas partagé entre les églises », détaille la pasteure Geneviève Toilliez, pour qui sa communauté fait le pont entre les protestants et les évangéliques. Les mennonites restent néanmoins, en général, discrets dans la sphère politique. « Ils comprennent le message du Christ comme un appel à mener une vie radicale.

Or un certain non-conformisme éloigne, de fait, des centres de décision, selon Frédéric de Coninck. Le pacifisme, pour prendre un exemple, met en marge de beaucoup de débats politiques qui tournent autour de l’usage “légitime” de la force. » De plus, les mennonites sont parcourus de tendances diverses, entre conservatisme et libéralisme. Actuellement, le débat national tourne autour de l’adhésion à la Fédération protestante de France et/ou au Conseil national des évangéliques de France, certains étant plus proches des positions de l’une ou de l’autre.