Sainte-Marie-aux-Mines, vallée des Vosges alsaciennes, 2006. Joan Charras Sancho et son mari, Amaury, nouveau pasteur dans cette paroisse, sont accueillis lors d’un culte. Au micro, un responsable bien intentionné: «Mesdames, vous aiderez ce jeune couple à s’installer.» Quand elle raconte l’anecdote, Joan Charras en rit. «N’empêche que ce ‹Mesdames› résonne jusqu’à aujourd’hui à mes oreilles.»

La doctorante d’alors 25 ans décide de réunir ces «dames de la paroisse». «C’était la première fois que j’organisais des réunions en ‹non-mixité›. J’ai alors découvert combien la culture patriarcale du protestantisme était encore à l’œuvre. Ces femmes faisaient beaucoup de choses, mais prenaient rarement la parole.»

C’est le déclic, Joan Charras «entre» en féminisme. Ce qui n’était pas gagné. «Mes parents sont travailleurs sociaux, de gauche (…) si notre langage sur les questions d’égalité était maîtrisé, dans les faits, les pratiques restaient genrées.» Issue «d’une famille arc-en-ciel», Joan Charras avait déjà fait ses armes dans un combat, celui des droits des personnes […]