• Questions à Michèle Guicharnaud, psychologue clinicienne :

Faut-il répondre à l’irrationnel de l’opinion publique par un discours également irrationnel ? à des peurs par l’indignation ? Quelle démarche pédagogique ?

C’est une question complexe. Ce qui me vient tout de suite à l’esprit, c’est que l’étranger est aussi en soi. Il y beaucoup d’étrangeté à l’intérieur de soi avec laquelle on n’a pas toujours contact et qui peut nous faire peur à nous-même. Peut-être est-il nécessaire d’accueillir cet étranger en soi, cette étrangeté en soi qui fait que quelque fois nous nous sortons bizarres : « je ne comprends pas ce qui m’est arrivé, comme c’est étrange », vous connaissez ce genre de petites réflexions. Il faut pouvoir l’accueillir pour nous aider à accueillir l’autre qui est extérieur à nous avec son étrangeté et ce qui vient d’ailleurs chez nous.

Des migrations sans espoir de retour : accueil sans condition ? qu’est « l’intégration » ? est-ce la seule réponse au communautarisme ? ou faut-il admettre un autre modèle que le modèle républicain, égalitaire et individualiste ? …

L’intégration, ce n’est pas l’assimilation : on ne peut pas effacer en soi des éléments qui nous fondent dans notre être profond. En revanche, intégrer, pour moi, c’est prendre des choses de l’un, prendre des choses de l’autre, et créer cette mixité, ce mixage à l’intérieur de soi, un peu comme on prendrait du jaune et du bleu pour créer différentes nuances de vert, sans oublier que dans le vert, il y a du jaune, et dans le vert, il y a du bleu. C’est par cette métaphore que je répondrai pour illustrer la notion d’intégration. Ce peut être une démarche structurante, une démarche dynamisante, et pleine d’espérance.

  • Question à deux témoins : Que retenez-vous de cette journée ?

Guy David, coordonnateur du « collectif Tchétchènes » d’Albi
J’ai été très intéressé par l’intervention de la psychologue clinicienne [Michelle Guicharnaud] qui a donné des éclairages et qui fait un travail remarquable sur Bordeaux. Malheureusement, on n’a pas l’équivalent sur Toulouse.  En ce qui concerne les Tchétchènes victimes de tortures, il est difficile pour eux de sortir de ce passé. La structure dans laquelle travaille cette dame permet justement d’avoir le meilleur accueil pour leur permettre de s’exprimer et de les aider. Je retiens que ce travail est passionnant et j’espère qu’un tel organisme pourra se monter sur Toulouse.

Édileuza Gallet, déléguée régionale de la Fédération de l’entraide protestante
La leçon à tirer d’une telle journée : quatre-vingt-dix personnes ! Il est très intéressant de voir l’engagement local dans un projet vraiment régional. Le succès de cette journée, la clé de cette journée est l’engagement des personnes au niveau local. C’est une expérience positive. Il suffit de voir les personnes présentes. Le sujet intéresse, mais c’est un sujet complexe et on a bien compris au travers des interventions qu’il y a un grand sentiment de désarroi que je ne partage pas personnellement. Je trouve qu’il y a quelque chose de très positif dans l’accueil des réfugiés, à ce à quoi on peut assister dans ces bouleversements, dans ces moments qui sont difficiles dans lesquels nous vivons. Certes, rien n’est parfait, mais cela est très positif.