Par Laurent Piolet, membre du comité de rédaction de Présence

Et pourtant, les chrétiens ont fait de la Passion du Christ puis de sa Résurrection le point central de leur calendrier. Et de même, il n’est pas un progressiste dans ce monde qui ne voit en la Commune une référence incontournable du combat pour l’émancipation. Pourquoi attachons-nous autant d’importance à des échecs ?

On pourra toujours prétendre que le Christ sans la Croix porterait une parole moins forte, bien que, comme le note Laurent Gagnebin dans un article d’Évangile et Liberté de février 2021, la spiritualité chrétienne soit souvent marquée par un excès de sang et de crucicentrisme. Et d’ajouter fort justement : « Notre foi est animée par le Christ vivant, non par un mort, fût-il un grand mort. » Et si dans ces défaites, nous faisions indirectement un éloge de la faiblesse, car elle est aussi inévitable que la force qui mène à la victoire ? Faiblesse du Crucifié, faiblesse du Tout-Puissant : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Mais y avait-il un autre chemin que celui qui s’est présenté ? Faiblesse également des damnés de la Terre, sacrifiés non de manière vaine, mais parce que l’histoire progresse aussi par les soubresauts de la violence. Si la Commune fut brève et réprimée dans le sang, la densité et la nouveauté de ses actions n’en ont pas moins nourri les idéaux des générations futures. Alors, fort de nos défaites devenues espérances de ceux qui nous suivent, nous pourrons marcher résolument jusqu’à la victoire, jusqu’au salut, jusqu’à ces lendemains où « le soleil brillera toujours ».