En 1768, Marie Durand, native du Bouschet de Pranles en Vivarais, âgée de 57 ans, sortait de la Tour de Constance, la prison des femmes « religionnaires » (autrement dit protestantes), à Aigues-Mortes. Elle y était entrée à l’âge de 19 ans, arrêtée avec son mari, parce qu’elle était la soeur d’un pasteur clandestin, Pierre Durand, recherché dans tout le pays, et qui allait à son
tour être arrêté, puis pendu à Montpellier.
Le 250e anniversaire de la libération de Marie Durand, par grâce princière, sans avoir abjuré, pendant les trente-huit années de sa captivité, donne l’occasion de revenir sur cette figure majeure de la mémoire du Désert. C’est à Marie Durand que l’on attribue le mot « Résister », gravé dans la pierre du cachot de la Tour de Constance. Son nom vaut pour toutes les femmes, la plupart anonymes, qui ont vécu dans leur chair et transmis par quatre ou cinq générations la résistance du Désert.
Une héroïne alibi, pour les protestants ? Marie Durand, l’exemplaire résistante non-violente, n’est-elle pas là pour effacer les guérilleros camisards et les prophétesses radicales des premières décennies du XVIIIe siècle ? C’est le même malheur qui rassemblé ces […]