Toute sa carrière, qui n’est pas finie, passée au service d’une agriculture constructive et responsable, en témoigne.

Cela commence par l’enseignement. Il est envoyé du DEFAP, Service protestant de mission, entre 1986 et 1991 en Nouvelle-Calédonie et au service de l’Alliance scolaire évangélique en Nouvelle-Calédonie. Il y crée, au lycée Do Neva, les premiers enseignements du lycée agricole, en pointe sur l’agriculture bio. Actuellement, ce lycée accueille une centaine d’élèves et fut pionnier en la matière sur l’île et dans le Pacifique. Au cours de ces années, il vit avec l’Église évangélique de Kanakie les évènements de 88 et 89 et les accords de Matignon qui ont bouleversé l’île et en restera profondément marqué. « J’ai une dette envers cette Église », ajoute-t-il.

De retour en France, il entre à l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO). « Cet institut est chargé de la mise en œuvre de la politique française relative aux signes officiels d’identification de la qualité et de l’origine des produits agricoles et agroalimentaires (inao.gouv.fr) ». D’abord en Normandie, terre du fromage, mais aussi du calvados, ce qui l’amènera plus tard à Cognac. Dans le cadre professionnel, il est confronté à l’évolution de notre société face au problème posé par l’exploitation de nos ressources naturelles. Depuis son séjour en Nouvelle-Calédonie, il est très sensible aux dangers courus par des populations entières, habitants des micro-états insulaires du Pacifique. « Depuis les années 80, on parlait du risque d’inondation de ces îles. Et nous en sommes à la deuxième génération confrontée au problème et rien ou presque n’a été fait ! Il n’y a pas encore eu de bouleversement dans nos pratiques ». Comment modifier nos comportements individuels, nos modes de déplacements, de consommation ? « Savoir que nous allons dans le mur n’est pas suffisant, encore faut-il y croire. Et le vivre en Église est encore plus stimulant puisque la sauvegarde de la création est aussi un enjeu de notre foi ».

Et nouveauté

Quand il était à Caen, l’Église l’a appelé comme président. Et comme il s’ennuyait parfois au culte, trop magistral, et dans le souci d’ouverture, il a proposé ce qu’on a l’habitude d’appeler aujourd’hui des « cultes autrement ». « Il ne faut pas bouleverser l’ordre du culte. La liturgie doit demeurer ce qu’elle est, mais il faut faire entrer une surprise ». Il propose la plupart du temps de faire intervenir un témoin (un chercheur sur les OGM, le dessinateur Emmanuel Chaunu, Pierre Joxe, etc.) et demande au prédicateur, à partir d’un texte, de rebondir et d’actualiser la parole biblique. Il a même osé faire venir un candidat aux élections ! Une autre fois ce sont les extraits d’un film. Le Conseil presbytéral n’a pas appelé à sa démission, signe que ces innovations étaient attendues ! Thierry Fabian cherche à apporter du nouveau dans nos pratiques dans l’Église. Son expérience professionnelle nous sera précieuse quand nous aborderons l’écologie en Église puisqu’il fait partie de l’équipe des rapporteurs pour le prochain Synode régional (novembre 2019) qui portera sur l’écologie. Et gageons que son expérience des « cultes autrement » en Nord Normandie trouvera des échos dans notre région.