La Conférence des Églises européennes (CEC) organisait une pré-Assemblée à l’échelle européenne préparant à la 11e Assemblée du Conseil œcuménique des Églises qui se tiendra à Karlsruhe du 31 août au 8 septembre prochain.

Le programme avait été intentionnellement modifié dans les heures précédentes pour laisser place aux échanges de nouvelles en provenance d’Ukraine. « Hier matin, la nouvelle de l’entrée de l’armée russe en Ukraine menant l’offensive sur Kiev nous a submergés, consternés, révoltés, dépités », a souligné le pasteur Christian Krieger, président de la CEC. Dès son message d’ouverture, il a tenu à rappeler que « l’Évangile de Jésus-Christ véhicule un message de paix pour toute l’humanité qui appelle à un profond respect de la dignité de chaque être humain. » Christian Krieger a également lancé un fort appel : « à l’échelle de l’Union européenne, les responsables politiques et la communauté internationale, ne doivent pas économiser leurs efforts pour limiter l’hémorragie du sang innocent et retrouver le chemin du dialogue diplomatique et l’ordre international. »

Pas d’amour sans justice

Pour les 150 participants des Églises orthodoxes, anglicanes et protestantes, cette rencontre au lendemain de l’entrée de l’armée russe en Ukraine était un « moment véritablement apocalyptique, selon les mots de Pavlo Smytsnyuk, dans le sens étymologique du terme : l’apokalypsis est un dévoilement, une révélation. Les Églises se révèlent. Ainsi que les organisations œcuméniques. » Pavlo Smytsnyuk, directeur de l’Institut d’Études œcuméniques à Lviv (Ukraine), avait été invité à partager ses réflexions sur la situation ukrainienne et sur les toutes premières réactions des Églises.

Au-delà de l’Ukraine, les participants ont, pour beaucoup, insisté sur les questions de justice et de repentance pour faire écho au thème de la 11e Assemblée du COE, afin que puissent véritablement se vivre la réconciliation et l’unité. Ainsi, Michel Charbonnier, pasteur de l’Union des Églises méthodistes et vaudoises (Italie), a-t-il appelé à reconnaître que « certes, l’Europe est un lieu de réconciliation, si l’on parle de la France et de l’Allemagne. Mais, c’est également le lieu de l’exportation de conflits ailleurs dans le monde. Aujourd’hui, beaucoup de causes aux migrations trouvent leur origine en Europe, alors que celle-ci se transforme en forteresse. Il nous faudrait parler plus de justice. »

Devenir anticonformistes

Des propos qui ont également trouvé écho dans les paroles d’Odair Pedroso Mateus, vice-secrétaire général par intérim du COE – rappelant que celui-ci et le mouvement œcuménique moderne étaient nés des cendres du dernier conflit mondial : « aujourd’hui, pour pouvoir être porteurs d’espoir dans un monde où les valeurs dominantes sont le racisme, le nationalisme, l’économie ultralibérale, les chrétiens doivent devenir anticonformistes ! »